Bercy passe à l'offensive pour encourager l'épargne populaire

Bercy passe à l’offensive pour encourager l’épargne populaire

L’administration a décidé d’envoyer quelque 7 millions de courriels pour encourager les ménages modestes à détenir un Livret d’épargne populaire (LEP), un placement sûr et relativement bien rémunéré. Cette offensive intervient à l’heure où les banques pourraient fermer un grand nombre de LEP, faute d’avoir obtenu de leurs clients les justificatifs nécessaires à leur conservation.

Bercy passe à l’offensive pour encourager les moins aisés à faire fructifier leurs économies. Selon nos informations, l’administration fiscale a décidé d’envoyer entre vendredi et dimanche derniers quelque 7 millions de courriels pour informer les ménages modestes qu’ils peuvent ouvrir un Livret d’épargne populaire (LEP), un placement défiscalisé et sûr, rémunéré à 1,25 %.

Egalement destinataires, les détenteurs actuels de ce placement se verront rappeler,  en pleine période de déclaration de leurs revenus, qu’ils doivent présenter un avis d’imposition à leur banque pour conserver leur LEP. Le produit est en effet réservé aux ménages dont les revenus n’excèdent pas certains plafonds. Un couple marié ayant deux enfants à charge, par exemple, peut y avoir droit si ses revenus ne dépassent pas 40.907 euros par an.

Un produit en perte de vitesse

Cette campagne en faveur du LEP traduit  la volonté du gouvernement de développer la distribution de ce produit. Déjà peu développé, il est même en perte de vitesse. La faute, selon les banques, aux démarches administratives que les épargnants doivent réaliser pour obtenir ou conserver ce produit.

Ces derniers mois, l’exécutif avait promis de plancher sur le sujet . Il faut dire que, taux bas obligent, les rendements de la plupart des placements sont au plancher, voire négatifs compte tenu de l’inflation.  C’est notamment le cas du Livret A, un produit d’épargne beaucoup plus répandu que le LEP.

Un grand ménage dans les LEP cette année

La campagne du gouvernement intervient à un moment particulier pour les banques, qui redoutent de devoir clôturer cette année un grand nombre de LEP. Ce ménage est le fruit d’un changement des règles d’éligibilité du produit acté en 2014. Après quelques années d’adaptation, les banques sont priées cette année d’exiger un avis d’imposition pour l’ensemble des bénéficiaires de LEP.

A défaut d’obtenir le justificatif de revenus en temps et en heure, elles n’ont d’autre choix que de clôturer le compte d’épargne. « La régularisation va être beaucoup plus importante que les années précédentes. On pourrait s’attendre à ce qu’il y ait beaucoup de fermetures dans l’ensemble du marché », prévient François Boisseau, le responsable des produits d’épargne de La Banque Postale.

Bercy passe à l'offensive pour encourager l'épargne populaire

Trois mois supplémentaires pour réagir

Face à cette éventualité, Bercy a décidé il y a quelques semaines d’accorder aux banques et aux épargnants un délai de trois mois, soit jusqu’à la fin du mois de juin, pour réaliser toutes les régularisations. «  Nous étions ravis de d’avoir ce délai. Cela prend du temps pour obtenir des justificatifs de la part des clients, il faut les relancer, les rappeler », explique Véronique Lopez, responsable de l’épargne et de l’offre banque privée au sein de Crédit Agricole SA.

Cette souplesse ne devrait pas être le seul motif de satisfaction des banques. Bercy travaille à simplifier la vie des bénéficiaires de LEP en les dispensant de prouver chaque année la modestie de leurs revenus. « Notre objectif est d’automatiser, à moyen terme, la vérification par les banques de l’éligibilité des clients », explique une source dans l’entourage du ministre de l’Economie et des finances, Bruno Le Maire.

De quoi éviter aux établissements de fastidieuses démarches et de lever la menace d’une sanction en cas de problème de conformité. Cette automatisation, souhaitée par la Fédération bancaire française, pourrait passer par le service d’identification numérique développé par l’Etat,  France Connect, et désormais ouvert aux acteurs privés. L’objectif de Bercy est d’aboutir d’ici à la fin de l’année. En partie juridique, le chantier pourrait toutefois nécessiter de modifier la loi.

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