PEL, assurance vie… le difficile transfert de son épargne entre les banques

PEL, assurance vie… le difficile transfert de son épargne entre les banques

Les Français sont nombreux à déclarer vouloir changer de banque. Et pourtant, chaque année, ils sont rares à franchir le cap. Il faut dire que le transfert des produits d’épargne est un frein important à la mobilité bancaire. Voici pourquoi.

Peut mieux faire. L’association de défense de consommateurs UFC-Que Choisir vient de le relever, les Français sont encore peu nombreux à changer de banque. Et ce malgré la mise en place, dans le cadre de la “loi Macron”, du dispositif d’aide à la mobilité bancaire depuis février 2017. Principal frein : le transfert onéreux et compliqué – voire impossible – des produits d’épargne. Ces frais de transfert des produits d’épargne sont peu connus. Et pourtant, les banques ont la main lourde sur ce poste.

A noter d’abord que pour transférer un ou plusieurs produit(s) d’épargne, le client doit se débrouiller tout seul. Contrairement au compte courant, ces enveloppes n’entrent pas dans le champ du dispositif d’aide à la mobilité bancaire. Pour les livrets d’épargne (Livret A, LDDS, LEP, livret jeune), le transfert est gratuit. Même si, en réalité, il s’agit d’un “faux transfert”, note Maxime Chipoy, responsable du comparateur Meilleurebanque.com. En effet, le client doit d’abord clôturer le livret détenu dans son ancienne banque pour ensuite en ouvrir un autre dans son nouvel établissement.

Jusqu’ici, rien de très compliqué ou de coûteux. Mais, parfois, le transfert d’un livret d’épargne peut tout de même devenir un frein à la mobilité bancaire. “Certains particuliers peuvent dépasser le plafond légal grâce aux intérêts capitalisés sur le livret. Or, en cas de transfert du produit vers une nouvelle banque, ils perdraient ces intérêts”, détaille Maxime Chipoy. Autrement dit, le transfert d’un livret d’épargne peut conduire à une petite perte d’argent pour les épargnants ayant atteint le plafond. Mais il s’agit ici d’un “cas très précis”, ajoute le spécialiste.

Très chers transferts de PEA et de PEL

C’est pour les autres produits d’épargne que les choses se compliquent réellement… et coûtent très cher aux particuliers. En moyenne, le transfert d’un PEL (plan épargne logement) ou d’un CEL (compte épargne logement) vers une nouvelle banque coûte 73 euros, selon les chiffres de Meilleurebanque.com. Pour un compte-titre et pour un PEA, les frais de transfert s’élèvent, en moyenne, à 110 euros et à 140 euros respectivement. Il s’agit ici des frais appliqués par les banques traditionnelles uniquement (plus précisément, dans le cas où le client voudrait transférer son produit d’une banque traditionnelle à une autre ou vers une banque en ligne).

Depuis 2012, les frais de transfert de ces produits d’épargne ont gonflé de… 30% en moyenne ! “Dans les grilles tarifaires de 2019/2020, ces frais comptent parmi les postes qui ont le plus augmenté”, renchérit Maxime Chipoy. Pas étonnant que les Français soient réticents à l’idée de changer de banque. Car, il faut le rappeler, pour détenir un PEL ou un PEA, la plupart des banques exigent que leurs clients aient un compte courant ouvert pour alimenter ces produits d’épargne. S’ils conservent leur PEA ou leur PEL dans leur ancienne banque, ils sont donc obligés d’y laisser un compte courant ouvert.

En réalité, “c’est l’assurance vie qui pose le plus de problèmes”, souligne Maxime Chipoy. En effet, jusqu’au printemps dernier, les épargnants n’avaient tout simplement pas la possibilité de transférer leur contrat d’un établissement à un autre. Avec la loi Pacte, ils peuvent désormais le faire… en partie. “La loi Pacte a été insuffisante sur ce point”, selon Maxime Chipoy. Ainsi, seuls les transferts au sein d’une même compagnie d’assurance vie sont autorisés. Pas de quoi vraiment permettre le transfert d’une assurance vie d’un établissement à un autre, vu que les contrats distribués par les banques traditionnelles sont quasi-systématiquement assurés par un organisme de leur propre groupe (par exemple : Crédit Agricole et Crédit Agricole Assurances/Predica ; BNP Paribas et BNP Paribas Cardif ; BPCE et Natixis Assurances, etc.).

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