Electricité : les offres à prix variables sont-elles faites pour vous ?

Electricité : les offres à prix variables sont-elles faites pour vous ?

Electricité : les offres à prix variables sont-elles faites pour vous ?

Barry a réussi son entrée médiatique en France. Exit les vieux tarifs réglementés de vente de l’électricité – proposés par EDF à 80% des ménages français -, ce jeune fournisseur d’électricité danois, fondé en 2018, devient le premier acteur du marché à fournir une électricité à prix coûtant. C’est-à-dire acheté directement sur la Bourse européenne de l’énergie, l’European Power Exchange Spot, ou plus communément appelé Epex Spot. La somme colossale de 600 térawattheures (TWh) d’électricité s’y sont échangés à la négoce en 2019. En guise de comparaison, la consommation française était de 473 térawattheures cette même année.

N’importe quel ménage disposant d’un compteur Linky – désormais 90% de la population – peut alors souscrire à ce contrat, dès lors qu’il possède un smartphone lui permettant de télécharger l’application dédiée. Cette accessibilité pourrait cependant se heurter à la difficulté de compréhension du contrat proposé. Un sondage Ifop commandé il y a quelques années par Qinergy, une solution pour optimiser sa consommation d’énergie, démontrait que la facture d’électricité reste une énigme pour près de neuf Français sur dix. Plus de 60% des sondés ne les comprenaient pas du tout. Déjà confus à la lecture des tarifs d’EDF, les Français seraient-ils plus à même de comprendre le fonctionnement de la Bourse ? Pour y voir plus clair, voici les réponses à 4 questions que posent l’arrivée de tels contrats en France.

Pourquoi de telles offres d’électricité arrivent maintenant ?

Barry a simplement pris de l’avance. Adopté en 2019 par le Parlement européen, le dispositif du Clean Energy Package prévoit dans son article 11 que les États membres “veillent à ce que le cadre réglementaire national permette aux fournisseurs de proposer un contrat d’électricité à tarification dynamique”. Comprendre que la France devra, comme les autres pays du continent, imposer à chaque fournisseur d’électricité d’au moins 200.000 clients, la commercialisation d’un contrat qui n’est plus fondé sur les TRV, mais notamment sur les prix de Bourse. Un dispositif qui entrera dans les années à venir, peut-être dès 2022 De quoi permettre à tous les Français équipés d’un compteur Linky de disposer de davantage de choix au moment de la souscription.

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Reste que la notion de tarification “dynamique” est encore floue, poussant la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a lancé une consultation publique sur ces contrats. Avec pour objectif de fournir une définition claire aux consommateurs. Si l’ordonnance de transcription du texte européen est parue le 4 mars au Journal Officiel, elle ne précise pas la date à partir de laquelle l’obligation sera effective pour les fournisseurs du territoire. La démarche est nouvelle en France, mais au Danemark, “90% des ménages bénéficient déjà des prix Spot” assure Christophe Lephilibert, responsable du développement chez Barry.

Quels paramètres influencent les prix de l’électricité ?

“Les fournisseurs français ont deux façons d’acheter de l’électricité s’ils n’en produisent pas. Le marché de l’Arenh, qui permet à tous les fournisseurs alternatifs de s’approvisionner en électricité auprès d’EDF, ou la Bourse”, résume Charlie Evrard, fondateur de Mon Courtier énergie, et président du syndicat des courtiers en énergie. Les fournisseurs optent évidemment pour la solution la moins onéreuse, les prix du marché pouvant être plus attractif que les prix d’EDF selon la conjoncture.

Les prix du marché de gros dépendent avant tout du cours des matières premières, notamment le charbon et le pétrole. Le prix du dioxyde de carbone entre également en compte et vient alourdir le coût de production de l’électricité si cette dernière est produite par des énergies fossiles. “Plus le coût du carbone est élevé, plus celui de l’électricité le sera aussi”, poursuit Charlie Evrard.

Chaque jour, la Bourse détermine les prix qui seront en vigueur le lendemain. Parmi les facteurs qui influent sur les cours, la météo joue également un rôle important. Si les températures prévues pour le lendemain sont négatives, il est certain que la consommation d’électricité des Français sera très élevée. Et par conséquent, que les prix de vente le seront également, en particulier durant les pics de consommation : le matin à 8 heures et le soir à 19 heures, comme le démontrent les graphiques fournis par RTE, le gestionnaire de réseau de transport français de l’électricité. En guise d’exemple, ce vendredi 5 mars, le prix du mégawattheure s’échange à 65 euros à 8 heures du matin, mais seulement 43,6 euros à 14 heures, soit environ 33% d’écart. Plus la consommation s’éloigne des pics, plus elle soulage le réseau électrique français, et moins elle coûte chère.

“Tout comme l’or ou le pétrole, le prix est fixé par l’offre et la demande”, compare Christophe Lephilibert. Et ce dernier de rassurer les plus craintifs : “Le mot Bourse peut faire peur, alors qu’il n’est qu’un synonyme de marché. On a pas peur de faire le plein lorsque le cours du pétrole augmente. Ce système permet d’apporter de la transparence, nous vendons notre électricité sans marge, au prix de marché”.

Quels profils ont intérêt à souscrire à ce type d’offre ?

En souscrivant à ces offres, les tarifs de votre électricité vont donc varier à chaque heure de la journée. Vous serez informé de ces cours la veille pour le lendemain. Barry envoie ainsi chaque jour à ses utilisateurs une notification à midi en leur indiquant les tarifs de la journée du lendemain, heure par heure.

Vous l’aurez compris : ces offres ne sont donc intéressantes que si vous êtes capable de modifier ses habitudes de consommation, ou bien si déjà au quotidien, vos pics de consommation diffèrent de ceux des Français. Les cours étant, en effet, au plus bas quand la demande globale d’électricité est la plus faible. Mais ce n’est pas tout. Pour générer de véritables économies, encore faut-il faire partie des ménages consommant le plus d’électricité “ Par exemple les foyers équipés d’une climatisation, d’une voiture électrique ou d’une piscine, souligne Christophe Lephilibert. Sans faire la chasse aux heures les moins chères, et en se fondant uniquement sur les prix moyens constatés sur le mois, les économies par rapport aux tarifs réglementés sont de l’ordre de 250 euros pour l’année 2020 par exemple” Inutile donc pour les locataires ou propriétaires de petits logements – et donc aux petits consommateurs – de bousculer leurs habitudes de vie pour finalement économiser très peu.

“L’offre est pertinente uniquement si l’on est capable de réagir rapidement à la variation des prix, confirme Charlie Evrard, mais pas que. Les propriétaires de résidences estivales peuvent aussi être gagnants. Durant l’été, les prix de marché sont très bas, et sont plus avantageux que les tarifs d’EDF”. Car ces derniers ne sont composés que de 30% des prix de gros, là où ceux de Barry en dépendent entièrement.

Quelles sont les limites de ces offres ?

“La plupart des clients ne savent pas forcément qu’ils peuvent très facilement changer de fournisseur, alors essayer de leur faire comprendre les principes de la Bourse, c’est risqué mais pédagogiquement utile”, estime Charlie Evrard. Le défi pour les fournisseurs commercialisant ces offres va donc être d’expliquer les principes de la tarification au grand public

Surtout, un système similaire est déjà en vigueur aujourd’hui, et n’a pas encore fait ses preuves : celui des tarifications heures pleines et heures creuses. Capital avait déjà démontré, qu’il est très difficile, voire impossible, de générer des économies par rapport à une tarification régulière. “Lorsqu’il fait très froid, et qu’on est chauffé à l’électricité, on ne va pas couper son chauffage sous prétexte que le prix va augmenter”, confie un bon connaisseur du dossier. Conséquence directe : on se chauffe comme tout le monde et on subit les hausses de tarifs.

Il reste toutefois possible de décaler un maximum les autres postes de consommation. Les appareils connectés peuvent être programmés pour s’arrêter et repartir automatiquement aux heures souhaitées, à l’image des cumulus. La plupart des appareils électroménagers modernes peuvent aussi être programmés, sans même être connectés, à l’instar des machines à laver ou des lave-vaisselles. Difficile en revanche de ne s’éclairer que durant les heures les moins chères de la journée, ou d’allumer ses plaques de cuisson à 22 heures lorsque l’électricité s’échange à bas prix en Bourse.

Source Capital.fr

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