La fraude au chèque augmente, les bons réflexes pour s'en prémunir

La fraude au chèque augmente, les bons réflexes pour s’en prémunir

La fraude au chèque augmente, les bons réflexes pour s'en prémunir

Désuet, le chèque, vraiment ? Malgré une utilisation en baisse (-25,9% entre 2019 et 2020), ce mode de paiement reste encore le troisième le plus plébiscité en France, avec près de 614 milliards d’euros de transactions enregistrées l’an passé, selon les dernières données de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement de la Banque de France. Fort des volumes qu’il continue de représenter encore – on parle tout de même de 1,2 milliard d’opérations -, les fraudes au chèque sont, elles aussi, bien au rendez-vous. Rien que l’an passé, ces escroqueries ont pesé 538 millions d’euros, un montant stable par rapport à 2019, mais en nette hausse en pourcentage, le taux de fraude passant dans le même temps de 0,066% à 0,088% sous l’effet du moindre recours à ce moyen de paiement. Résultat : “Le chèque reste le premier moyen de paiement le plus fraudé en France à la fois en taux et en montant”, constatait l’Observatoire en juillet dernier. Devant la carte bancaire, pourtant douze fois plus utilisée ! Et “le taux de fraude aux chèques s’affichera probablement au même niveau en 2021”, estime Julien Lasalle, le secrétaire de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiements.

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Plus alarmant encore, le danger pourrait augmenter pendant la période des fêtes de fin d’année qui s’annonce, le don à une association par voie postale, le paiement au syndic des charges et travaux de copropriété, la location d’un appartement à la montagne pour le réveillon ou encore l’achat ou la revente d’un cadeau sur un site de vente entre particuliers se prêtant particulièrement à la fraude par chèque.

Des précautions basiques mais efficaces

Mais la fraude au chèque n’est pas une fatalité. La Banque de France l’a rappelé ce jeudi 2 décembre, lors d’une présentation réservée à la presse. Julien Lasalle et son adjoint Pierre Bienvenu en ont d’ailleurs profité pour détailler les règles à suivre pour, si ce n’est éviter tout danger, le limiter au maximum. Bien évidemment, écrire avec de l’encre noire (stylo bille ou à plume) n’est pas une option, “celle-ci étant la plus résistante aux tentatives de falsification” qui pèsent pour 19% des montants fraudés. Pour contrer le fléau de l’utilisation de chèques perdus ou volés – 68% du total fraudé, trois priorités : ne faites pas de chèque en blanc, ne laissez aucun espace libre (favoriser les traits horizontaux derrière le montant et l’ordre) et évitez les ratures.

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Les chèques vierges sont à l’origine de la majorité des fraudes. Pour vous prémunir de tout risque de vol, placez votre chéquier en lieu sûr, y compris à votre domicile : “Tout le monde doit penser à sécuriser son chéquier, le protéger des cambriolages, ne pas le laisser en évidence”, avertit Pierre Bienvenu. Le danger est aussi présent au moment de la commande de votre chéquier. “Préférez le retrait sécurisé en agence”, conseille Pierre Bienvenu. Si vous n’avez d’autre choix que de vous le faire envoyer par la Poste et que le délai devient inquiétant, “n’hésitez pas à contacter votre banque tout de suite et à faire opposition, sans attendre”, poursuit-il. Un réflexe à adopter de la même manière si, après avoir prévenu votre interlocuteur que vous lui avez envoyé un chèque, la confirmation de ce dernier tarde trop. Faites alors tout de suite opposition. Un conseil particulièrement avisé si vous avez prévu de gâter un proche à Noël ou pour son anniversaire.

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Attention au moment de l’encaissement du chèque

Plus étonnant, la fraude au chèque ne concerne pas seulement les émetteurs de ces bons. Si un chèque vous est destiné, vous pouvez aussi avoir une mauvaise surprise. Là encore, des gestes simples suffisent pour vous couvrir. Pour éviter de perdre le précieux talon ou de vous le faire subtiliser, ne jouez pas la montre : “Il ne faut jamais perdre de temps, avance Pierre Bienvenu. Un chèque qui traîne sur le frigo ou dans son sac à main est susceptible d’être perdu, volé et falsifié par un fraudeur.”

Si vous vous faites payer par chèque, par exemple en louant votre chalet ou votre appartement de montagne pour les vacances de fin d’année, vous devez également être sur vos gardes. N’encaissez jamais un chèque qui ne correspond pas à ce qui a été convenu, qu’il s’agisse du montant ou même du nom du payeur. Même conseil si la location vient à être annulée : “Le chèque reçu peut être rejeté, alors que vous aurez entre temps remboursé votre interlocuteur par un autre moyen de paiement. Déchirez le chèque reçu”, préconise alors la Banque de France.

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Le piège de la “mule”

Enfin, si vous êtes contacté (sur les réseaux sociaux généralement) par une âme charitable vous proposant d’encaisser un chèque sur votre compte et de conserver en contrepartie du service rendu un certain pourcentage de la somme, passez immédiatement votre chemin. Il s’agit sans nul doute d’un chèque volé ou perdu et l’escroc a besoin d’une “mule” – vous – pour mener son arnaque. “N’acceptez jamais de chèque pour autrui, insiste Pierre Bienvenu. Vous risquez de devenir complice d’une fraude et de vous retrouver dans une très grande difficulté financière”, pointe-t-il. Car bien évidemment, le margoulin vous demandera de lui virer le montant du chèque avant de vous rétribuer…

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Le chèque, seulement avec des personnes de confiance

Face à la multitude de dangers qui vous guettent, vous avez tout intérêt à vous poser la seule véritable question qui compte : “Ai-je une autre possibilité ?” Entre la carte bancaire, le virement, l’utilisation d’un portefeuille électronique sécurisé et bien entendu les espèces, vos choix sont nombreux. Le chèque, lui, “correspond à des transactions entre personnes de confiance. Dès lors que les relations se font plus distantes, nous appelons les utilisateurs à utiliser d’autres moyens”, tonne la Banque de France.

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