Un premier bilan en demi-teinte pour les lunettes remboursées à 100%

Un premier bilan en demi-teinte pour les lunettes remboursées à 100%

Opérationnelle depuis un an pour la totalité des soins optiques et une grande partie des soins dentaires, la réforme du 100% a bien maintenu son calendrier, malgré le chamboulement de la crise sanitaire. Il faut dire qu’il y avait urgence. Selon une étude de la Drees datant de 2014 – la dernière grosse enquête menée sur le sujet -, 67% des malentendants ne seraient pas équipés. Et respectivement 17% et 10% des Français renonceraient à bénéficier de soins dentaires et optiques pour des raisons financières. Pour les 20 % de Français ayant les revenus les plus faibles, ce taux est encore plus élevé, puisqu’il concerne 17 % d’entre eux, précise le ministère de la Santé. Avant la réforme, une paire de lunettes à verre simple était vendue à un tarif médian de 290 euros (dont 135 euros de montures), avec un reste charge moyen de 22% pour l’assuré, soit 65 euros. Désormais, le remboursement atteint 100% pour cette même paire de lunettes, dès lors que son prix ne dépasse pas 105 euros (verres et montures).

Une offre attrayante pour les ménages qui n’ont pas les moyens de débourser autant d’argent pour se soigner. Le réseau de soin Carte Blanche Partenaires, dont bénéficient plus de 8 millions de Français, tablait ainsi sur une utilisation de ce panier de soins sans reste à charge pour 10% des cas. “Le gouvernement espérait même cibler les 20% des actes” rappelle Jean-François Tripodi, directeur général de Carte Blanche. Or en analysant près de 2 millions de prises en charge en optique et dentaire réalisées au sein de son réseau en 2019 et 2020, il en ressort que le chiffre est nettement en deçà des projections. Seulement 7,2% des actes optiques l’ont été dans le cadre du panier de soins sans reste à charge. “Les premières tendances du début d’année 2020 montraient une part du 100% Santé dans les ventes de lunettes de l’ordre de 9 %, en cohérence avec les prévisions de Carte Blanche de fin 2018. La crise sanitaire a pour autant participé à l’évolution de la segmentation des achats en optique et diminué cette part”, précise le réseau de soin, qui réunit 60% des opticiens de France.

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Dans les faits, les assurés ont majoritairement (56%) adopté la formule hybride du “panachage”, à savoir une monture (30 euros maximum) remboursée à 100% et des verres à prix libre. “C’est bien plus que toutes les projections qu’on avait réalisé confie Jean-François Tripodi. Cela démontre que la demande pour des lunettes remboursées à 100% n’était tout simplement pas là. En optique, il n’y avait pas besoin de cette réforme du 100% Santé car les réseaux couvrent déjà 55 millions de Français en leur permettant d’acheter des équipements sans reste à charge, dès lors qu’ils possèdent un contrat responsable”.

Un premier bilan en demi-teinte pour les lunettes remboursées à 100%
Carte Blanche Partenaires

Une analyse affinée permet toutefois de se rendre compte des effets bénéfiques de la réforme. Le reste à charge, pour les Français qui ont opté pour une monture peu chère (moins de 30 euros) ont vu leur reste à charge global (monture et verres) chuter de 35% sur un an.

La réforme a aussi fait des perdants : ceux achetant des modèles plus esthétiques et hors du panier de soins remboursé à 100%. Leur reste à charge a ainsi bondi de près de 40% ! “Le reste à charge des bénéficiaires ayant opté pour un achat dans le panier libre a augmenté de 8 millions d’euros, passant de 119 millions en 2019 à 127 millions d’euros l’an passé, à cause de la baisse du plafond de remboursement de la monture, celui-ci passant de 150 à 100 euros détaille le document. Il est donc légitime de se demander si l’objectif du “sans reste à charge” est atteint pour tous par la réforme, tout du moins en optique” questionne le réseau de soin.

A l’inverse, les soins dentaires entièrement remboursés ont connu un véritable succès, puisque, bien plus que les 46% d’actes prévus initialement, ils représentent 53% des devis récoltés par Carte Blanche. Entre le 1er avril et le 31 décembre 2019, cette proportion n’était que de 32 %, soit une hausse de 21 points. Cette hausse s’est principalement faite au détriment du panier de soins libre (-16% en 2020 par rapport à 2019). La progression a largement été tirée par les dents dites visibles. En permettant aux assurés de bénéficier de bridge et couronnes aux matières discrètes comme le zircone ou le céramo-métallique, leur part dans les devis est passée de 68 à 87% sur un an. Les molaires ne peuvent bénéficier que de matières métalliques très visibles. Ces chiffres, très bons, auraient pu encore être meilleurs. Car contrairement aux opticiens, les dentistes n’ont aucune obligation de communiquer sur des devis remboursés à 100%.

L’occasion pour Jean-François Tripodi de rappeler l’utilité du service mis en place par Cartes Blanche : “Mon Devis Décrypté”. Il permet à l’assuré d’avoir d’obtenir des simulations de devis, et surtout de pouvoir comprendre les offres sans reste à charge dont il dispose.

Source Capital.fr

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