Crise du Covid : comment les pays de l’OCDE soutiennent leur régime de retraite

Crise du Covid : comment les pays de l’OCDE soutiennent leur régime de retraite

Crise du Covid : comment les pays de l’OCDE soutiennent leur régime de retraite

Nous sommes encore loin de connaître l’ensemble des répercussions économiques de la pandémie de Covid 19. Et ce n’est peut-être que dans quelques années, voire des dizaines d’années que l’on en connaîtra l’ensemble des conséquences. Car les actifs qui souffrent aujourd’hui de la crise économique, seront peut-être des retraités qui, demain, bénéficieront de pensions moins élevées que leurs aînés. Pour éviter cette situation, parmi les 37 pays membres de l’OCDE, nombreux sont ceux à avoir mis en place des mesures. L’organisation les présente dans son rapport sur les “perspectives de l’OCDE sur les pensions 2020” (en anglais) et son focus baptisé ‘l’épargne retraite au temps du Covid 19”.

Il y a d’abord le constat : qu’il s’agisse de la retraite par répartition ou par capitalisation (épargne retraite), les deux systèmes ont subi une choc important lié principalement au ralentissement général de l’activité économique, à la flambée du chômage et à la baisse des marchés financier, détaille l’OCDE. Dans le détail, la retraite par répartition a été généralement préservée avec le dispositif de chômage partiel largement étendu dans les pays de l’OCDE. Ce dispositif, qui n’était pas utilisé lors des crises précédentes devrait permettre, selon le rapport, d’amortir l’impact de ce choc sur l’avenir des pensions.

Un risque de baisse des pensions dans le futur

D’après les projections de l’organisation, un actif qui a connu une période de chômage d’une durée totale de 5 ans, devrait, grâce aux mesures de compensation (déjà existantes et mises en place dans certains pays pendant la crise), toucher le même niveau de pension qu’un actif ayant eu une carrière complète. Mais dans des pays où les mesures de compensations ne sont pas assez fortes, les baisses de pension pourraient atteindre près de 10 %. L’OCDE cite 10 pays : l’Australie, le Chili, l’Estonie, l’Islande, la Corée du Sud, la Lettonie, le Mexique, la Pologne, la République slovaque et la Turquie. Mécaniquement, plus la crise sera longue avec des périodes de chômage étendues, plus l’impact sur le niveau de pension sera important. Le risque est aussi de voir des travailleurs âgés ne pas réussir à retrouver un emploi et décider de partir plus tôt que prévu à la retraite et donc de percevoir une pension plus basse.

Autre situation qui pourrait se répercuter sur les pensions futures : la baisse du salaire moyen. Or, dans de nombreux pays, cet indice sert de base de calcul pour déterminer le montant de la pension. L’OCDE prend l’exemple des États-Unis. Selon le rapport, la baisse substantielle des salaires en 2020 devrait baisser durablement le salaire de référence, et donc les prestations de retraite publiques. La baisse des pensions dans les années à venir est chiffrée à 13% pour ceux qui ont 60 ans aujourd’hui.

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Le déficit public que creuse la crise du Covid 19 pourrait lui aussi avoir des répercussions sur les retraites actuelles comme futures. “La dette nouvellement accumulée exercera probablement une pression sur les finances publiques et sur les régimes de retraites, déjà mis à rude épreuve par le vieillissement de la population”, prévient l’OCDE. En clair : si ce n’est pas forcément d’actualité aujourd’hui, dans les mois voire les années à venir, pour préserver les finances publiques, certains pays devront prendre des mesures comme réduire le niveau des pensions ou encore repousser l’âge légal du départ à la retraite. Un avertissement qui résonne forcément pour la France qui a mis en pause sa réforme des retraites pour cause de pandémie.

Enfin, de nombreux pays ont mis en place un principe de report de cotisations dont les cotisations vieillesse. Mais là encore l’impact devrait être limité puisque ce report ou même cette annulation de cotisation ne doit pas changer le niveau de la prestation future. A condition toutefois de pouvoir, plus tard, rattraper ce manque de cotisations. Par exemple, au Japon, il est possible de demander une dispense de cotisation mais qui devra être complétée ultérieurement pour garantir son niveau de pension.

Et pour les retraités actuels ?

Si l’incertitude demeure sur le niveau des futures pensions, les retraités actuels pourraient eux aussi subir cette crise de plein fouet. Même si pour le moment, dans de nombreux pays de l’OCDE, ils semblent épargnés, rien ne garantit que ce sera le cas dans les prochains mois. Certains subissent même déjà les conséquences, principalement les retraités les plus modestes, qui exercent une activité pour relever leur pension. C’est notamment le cas aux États-Unis où, à cause de trop faibles pensions, de nombreux retraités continuent d’exercer une activité. Pour ces retraités les plus modestes, certains pays ont attribué une aide exceptionnelle. En Australie par exemple, une aide est versée sous conditions. Elle peut atteindre 750 dollars australiens soit près de 460 euros. Même chose au Canada où le montant maximum est fixé à 500 dollars canadiens soit plus de 320 euros.

Des mesures de protection pour l’épargne retraite

Comme pour la retraite par répartition, de nombreux pays de l’OCDE ont pris des mesures pour limiter les impacts de la crise sanitaire sur l’épargne retraite. Cependant, “certaines mesures peuvent compromettre l’adéquation future du revenu de retraite, car elles ont permis aux participants de suspendre les cotisations ou de retirer leur épargne-retraite pour obtenir un allégement à court terme”, note l’organisation. En clair, l’assouplissement octroyé aujourd’hui pourrait se traduire au moment du départ à la retraite par une baisse du niveau de pension.

Cette crainte se justifie notamment par la baisse de la valeur des actifs des comptes d’épargne-retraite due à la baisse des marchés financiers. “La valeur marchande des comptes d’épargne-retraite a subi une forte baisse au premier trimestre de 2020. Les pertes sur les marchés financiers font baisser le montant des actifs des régimes de retraite. Les prévisions suggèrent que les avoirs de retraite auraient diminué de 10% au premier trimestre 2020 dans la zone OCDE”, détaille le rapport.

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Autre problème, la baisse de la contribution à l’épargne retraite liée à la baisse de revenus ou de la perte d’emploi des épargnants. “Il y a une tendance des individus à prioriser les besoins immédiats par rapport à leur intérêt à long terme”, pointe l’OCDE. Ce phénomène peut être amplifié si, de leur côté, les employeurs contribuent moins à ces dispositifs. “Certains pays ont en effet signalé une baisse des cotisations aux plans d’épargne-retraite en le deuxième trimestre de 2020 par rapport à la même période en 2019”, relèvent l’OCDE

Et ceux qui se retrouvent en situation financière délicate peuvent avoir envie d’accéder tôt à leur épargne. C’est pourquoi plusieurs pays ont ouvert de nouvelles possibilités à un déblocage anticipé de l’épargne retraite. Dans deux pays, le Mexique et la Nouvelle-Zélande, il était déjà possible d’avoir accès à son épargne retraite de façon anticipée en cas de chômage ou de difficultés financières. D’après l’OCDE, ces deux pays ont enregistré le plus grand nombre de retraits pendant cette pandémie. D’autres ont ouvert un peu plus ces critères exceptionnels. Ainsi, l’Espagne a autorisé les membres de certains régimes à retirer leurs avoirs s’ils se retrouvent au chômage. De son côté, l’Australie permet aux salariés bénéficiant d’une réduction du temps de travail (de 20% ou plus) et aux travailleurs indépendants connaissant une baisse de chiffre d’affaires (d’au moins 20%) d’accéder à leur épargne retraite. Même chose en France, où les indépendants peuvent, sous certaines conditions, débloquer leur Madelin ou PER individuel. Toutefois, pour éviter que les répercussions ne soient trop importantes sur le montant de la future pension, ces retraits ont généralement été plafonnés : 8.000 euros en France, 20.000 dollars australiens (environ 12.257 euros) ou encore 438,81 euros par mois au Portugal.

Par ailleurs, certains ont permis de faire une pause dans les cotisations à l’épargne retraite. Mais ce n’est pas sans conséquence. “Une pause d’un an dans les cotisations pourrait entraîner une réduction du revenu à la retraite d’environ 2-3%”, prévient l’OCDE. Un risque réduit lorsque les pays ont subventionné, au moins partiellement, des cotisations aux plans d’épargne-retraite comme l’Islande, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Slovaquie, la Suède ou encore le Royaume-Uni. Comme pour toutes les autres mesures, il faudra attendre pour voir si elles ont protégé les retraités ou futurs retraités.

Source Capital.fr

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