Rachat de trimestre pour votre retraite : dans quels cas est-ce vraiment rentable ?

Rachat de trimestre pour votre retraite : dans quels cas est-ce vraiment rentable ?

Rachat de trimestre pour votre retraite : dans quels cas est-ce vraiment rentable ?

Pour augmenter le niveau de votre pension, vous pouvez, pendant votre vie active, racheter des trimestres de cotisation. Il est possible d’en acquérir 12 au titre de vos années d’études supérieures ou de vos années de carrière incomplètes. Ainsi, le but premier du rachat est de se rapprocher, voire d’atteindre, un départ avec une retraite à taux plein et ainsi d’éviter une décote. Mais le dispositif est complexe car ce rachat peut prendre plusieurs formes diverses. Autre point d’attention, les règles d’achat ne sont pas gravées dans le marbre. Pour éviter de mauvaises surprises, il est donc conseillé de procéder au rachat plutôt en fin de carrière pour être sûr que rien ne changera d’ici votre départ à la retraite.

Pour savoir s’il est intéressant financièrement de racheter des trimestres, il faut d’abord prendre en compte les deux options existantes. La première solution qui s’offre à vous consiste en un rachat permettant de réduire votre décote. Si vous êtes un salarié du privé et que vous partez avec le taux plein, votre pension est calculée en prenant 50% de votre salaire annuel moyen. Mais s’il vous manque des trimestres de cotisation, on ne prendra plus 50% de votre salaire annuel moyen pour calculer votre pension mais 49,375 % (s’il vous manque un trimestre), 48,750 % (s’il vous manque 2 trimestres) et ainsi de suite jusqu’à 37,50% (s’il vous manque 20 trimestres ou plus). Racheter des trimestres en choisissant cette option vous permet au mieux d’atteindre ces 50% ou de vous en approcher le plus possible et ainsi d’augmenter votre niveau de pension.

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Il existe une deuxième option qui vous permet d’améliorer encore plus votre niveau de pension : le rachat de trimestres à la fois pour réduire votre décote mais aussi pour réduire le nombre de trimestres cotisés pris en compte dans le calcul de votre pension. Car la formule exacte pour le calcul de votre retraite c’est 50% du salaire annuel moyen multiplié par le rapport entre le nombre de trimestres cotisés sur le nombre de trimestres nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein. Dans ce cas, le coût du rachat de trimestres sera plus élevé mais l’augmentation de la pension sera plus importante que pour la première option.

Pour bien comprendre la différence entre les deux formules, prenons l’exemple d’un salarié du privé, né en 1969, qui a un salaire annuel moyen de 40.000 euros. Pour obtenir une retraite à taux plein, il doit cotiser 170 trimestres. Il veut partir à 62 ans mais il lui manque 4 trimestres et donc son salaire annuel moyen ne sera pas multiplié par 50% mais par 47,50%. Ainsi avant la rachat de trimestres, sa pension sera de 18.553 euros (40.000 x 47,5% x 166/170. 166 représentant le nombre de trimestres cotisés, rapporté à 170 représentant le nombre de trimestres nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein). S’il prend l’option 1 et qu’il veut uniquement supprimer la décote, sa pension sera de 19.529 euros par an (40.000 x 50% x 166/170). S’il prend l’option 2, on lui ajoute les 4 trimestres cotisés qui lui manquaient pour donc sa pension sera de 20.000 euros par an (40.000 x 50% x 170/170 ).

Les personnes qui envisagent de racheter des trimestres ont donc le choix entre ces deux options. Mais attention, si dans les deux cas, le gain sur la pension est visible, il faut calculer si le prix payé au départ pour le rachat de trimestres pourra être compensé par le gain à la retraite et si oui, au bout de combien d’années. Pour y voir plus clair, le cabinet spécialisé Optimaretraite a étudié, pour Capital, deux cas concrets.

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Exemple 1 : un agent commercial (indépendant) gagnant 55.600 euros par an

Pour les besoins de notre démonstration, nous avons d’abord pris l’exemple d’un agent commercial, né en 1958, et dont le revenu annuel net s’élève à 55.600 euros. S’il ne fait rien, notre agent pourra partir à la retraite sans décote à 64 ans et 6 mois. S’il veut partir plus tôt avec un taux plein sans décote, il a donc la possibilité de racheter des trimestres. Au titre de ses années d’études et de ses années incomplètes, sa possibilité de rachat se limite à 4 trimestres. S’il les rachète, il pourra donc partir avec une retraite à taux plein à 63 ans et 6 mois.

Pour voir s’il est opportun pour lui de racheter des trimestres, il faut d’abord prendre en considération le coût de cette opération. S’il choisit de racheter 4 trimestres uniquement pour limiter la décote, cela lui coûtera 17.756 euros. Pour l’option 2 qui permet de réduire la décote et d’augmenter la durée de cotisation, le coût grimpe à 26.312 euros. Mais il ne faut pas oublier que ce rachat est déductible des revenus bruts imposables. Notre agent commercial a un taux marginal d’imposition de 30% donc le coût de revient réel du rachat de trimestres après déduction d’impôt tombe donc à 12.962 euros (option 1) et à 19.208 euros (option 2).

La question est maintenant de savoir à quel âge l’augmentation de sa pension générée par le rachat de trimestres va être supérieure au coût du rachat. Cette information varie en fonction de l’âge auquel notre agent commercial aura finalement décidé de partir à la retraite. Rappelons qu’en rachetant 4 trimestres il peut désormais partir sans décote à 63 ans et 6 mois. S’il part avant, sa pension subira une décote et s’il part après, il profitera d’une surcote.

Ce tableau présente l’âge auquel notre agent commercial bénéficiera d’un “retour sur investissement”. C’est-à-dire l’âge à partir duquel le gain sur la pension obtenu grâce au rachat de trimestres sera supérieur au coût du rachat. Ainsi, si notre agent commercial décide de partir à 62 ans, grâce au rachat, il gagnera 233 euros de plus par an (après impôt). Si l’on rapporte cette somme au coût du rachat de trimestres (12.962 euros), il lui faudra plus de 55 ans pour rentabiliser son achat, ce qui est impossible. S’il part à 63 ans et 6 mois, âge auquel il obtient le taux plein grâce à son rachat de trimestres, le gain est alors de 278 euros par an et il doit attendre plus de 46 ans pour que ce rachat soit financièrement rentable. Là encore, c’est impossible. Et ce n’est pas parce que notre exemple décide de partir plus tard que le rachat s’avèrera rentable plus rapidement. En effet, si notre exemple décide de partir à la retraite à 66 ans, le retour sur investissement se fera à 119 ans et 9 mois. En retardant son départ, il a déjà limité l’impact de la décote et le nombre de trimestres manquants pour obtenir le taux plein. Dans ces conditions, il n’est donc pas intéressant de racheter des trimestres.

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Le problème de notre exemple est qu’il ne peut pas racheter plus de 4 trimestres au titre d’années d’études ou incomplètes. Donc le rachat ne lui permet pas d’atteindre beaucoup plus vite une retraite à taux plein. Résultat, il doit continuer à travailler plus longtemps pour obtenir une retraite à taux plein et éviter une décote. Mécaniquement, sa durée de vie à la retraite sera plus courte et donc il sera plus difficile de “rentabiliser” cet achat de trimestres.

Par ailleurs, ce manque d’intérêt du rachat de trimestres pour notre premier exemple s’explique aussi par son profil. Il a eu une carrière dans différents secteurs comme la fonction publique, le privé mais a aussi été indépendant. Or, les règles de décote ne sont pas les mêmes en fonction des statuts. Le manque de trimestres est moins pénalisant dans la fonction publique. En conséquence, le rachat de trimestres est moins rentable. “Si l’on combine l’effet décote plus faible appliquée à une rémunération qui n’est pas très élevée avec le fait de ne pas pouvoir racheter tous les trimestres, on se retrouve dans une situation où le rachat a un faible effet, analyse Dominique Prévert d’Optimaretraite. Si cette première option n’est pas rentable, on peut toujours vérifier mais, dans la très grande majorité des situations, la deuxième l’est encore moins”, ajoute-t-il

Comme pour la première option, ce rachat de trimestres ne s’avère pas rentable, quel que soit l’âge de départ à la retraite. Par exemple, si notre agent commercial part à la retraite à 62 ans, il devra attendre 105 ans, pour profiter du gain que lui procure son rachat de trimestres. Le constat est le même que pour la première option, l’impact du rachat de trimestres est trop faible pour être rentable. A cela s’ajoute que le coût est élevé et il faut donc de nombreuses années pour le rattraper.

Dans ces conditions, racheter des trimestres ne présente pas d’intérêt. Oui le niveau de pension est amélioré mais à un prix trop important. “La retraite est meilleure mais le prix pour l’obtenir est exorbitant, pointe Dominique Prévert. Attention de ne pas tomber dans le piège et de ne pas être attiré uniquement parce que vous allez gagner en plus à la retraite. Vous devez mettre ce gain en le rapportant au coût d’achat, ce qui vous permet de vous rendre compte que c’est un mauvais investissement”.

Exemple 2 : une salariée du privé née en 1962 avec 97.502 euros de revenu annuel

À l’inverse, dans certains cas, le rachat de trimestres peut présenter un réel avantage. C’est ce que montre notre deuxième exemple. Celui d’une salariée du privé née en 1962 dont le revenu annuel brut s’élève à 97.502 euros. Notre salariée a effectué l’ensemble de sa carrière dans le privé. Si elle veut partir à la retraite sans subir de décote, elle devra attendre d’avoir 66 ans et 11 mois. Sa pension nette s’élèverait alors à 3.935 euros par mois. Pour partir plus tôt à la retraite, elle a la possibilité de racheter 12 trimestres, au titre de ses années d’études. Si elle saisit cette opportunité, elle pourra alors partir à 63 ans et 11 mois avec une retraite à taux plein. Mais partir trois ans plus tôt aura un coût. En effet, si elle choisit de racheter 12 trimestres pour supprimer sa décote, il lui en coûtera alors 50.592 euros, soit 31.924 euros après économies d’impôt. Si elle choisit de racheter des trimestres pour réduire la décote et la durée d’assurance, le coût s’élèvera alors à 74.976 euros, soit 47.310 euros après économie d’impôt.

Comme pour notre premier exemple, nous allons étudier au bout de combien de temps elle pourra récupérer cette somme d’argent en fonction de l’option de rachat qu’elle choisit.

On le voit, quel que soit l’âge auquel notre salariée décide de partir à la retraite, le rachat de 12 trimestres s’avère gagnant. Par exemple, si elle part à la retraite à 62 ans, le rachat de trimestres lui permet de gagner 5.495 euros de pension brut supplémentaire par an et la durée du retour sur investissement est de 7,96 ans. Ce qui signifie qu’à partir de 70 ans, le coût du rachat de trimestres sera complètement effacé grâce au gain obtenu sur la pension. Logiquement, plus notre exemple décidera de partir tard, plus le retour sur investissement sera long. Ainsi, si elle part à 67 ans, le rachat lui permettra d’augmenter sa pension brute par an de seulement 2.679 euros par an et elle devra attendre d’avoir atteint l’âge de 83 ans et 4 mois pour que le rachat se révèle rentable.

En effet, comme le but de ce rachat est de réduire le niveau de la décote appliquée en cas de départ à la retraite avant d’avoir atteint l’âge du taux plein, le rachat se révèle moins intéressant si vous décidez de partir tard à la retraite et donc à un moment où la décote a déjà été réduite.

Pour expliquer l’intérêt de ce retour sur investissement il faut d’abord prendre en compte le profil de carrière de notre salariée. Elle a fait toute sa carrière dans le privé et c’est dans ce secteur (comparé aux fonctionnaires ou aux indépendants) que l’impact de la décote est le plus fort. Par ailleurs, il faut aussi considérer le niveau élevé de sa pension. Conséquence, l’impact de la décote est plus important que celui pour une pension faible. Mécaniquement, pour un rachat de trimestres permettant de supprimer la décote, le gain est conséquent. L’effet est amplifié par la fiscalité qui est d’autant plus faible que la différence entre le niveau de revenu pendant la vie active et pendant la retraite est importante. On peut ainsi passer d’une tranche d’imposition de 41% pendant la vie active à 30% à la retraite.

Dans le cas d’un rachat de trimestres pour le taux et la durée, le constat est plus mitigé. L’opération est rentable si notre salariée décide de partir tôt à la retraite mais ne l’est plus en cas de départ s’approchant de 67 ans. Ainsi en cas de départ à 62 ans, le gain brut annuel pour la pension est de 6.603 euros et le retour sur investissement est estimé à 9,82 ans, soit à 71 ans et 10 mois.

En cas de départ tardif, il n’est pas rentable de racheter ces 12 trimestres. En effet, si notre exemple décide de partir à 67 ans, elle augmentera “seulement” sa pension de 2.679 euros par an avec un retour sur investissement estimé à une durée de 24,20 ans soit à 91 ans et 3 mois. Or à 67 ans, l’espérance de vie étant estimée à 21,30 ans, le rachat de trimestres n’est pas jugé rentable. En résumé, si notre salariée opte pour ce type de rachat, il faut que ce soit dans le but de partir beaucoup plus tôt à la retraite. Si elle compte travailler au-delà de 66 ans, l’opération perd tout son intérêt.

Comme pour l’option 1, le gain obtenu par le rachat de trimestres s’explique par la suppression de la décote. “Même si l’option 2 est rentable, par rapport à l’âge auquel il y a un retour sur investissement, je conseillerai plutôt à notre exemple d’opter pour la première solution, préconise Dominique Prévert. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une dépense qui se fait pour un retour sur investissement hypothétique”.

Source Capital.fr

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