Retraite : ce que vous pouvez perdre sur votre pension française en travaillant à l’étranger

Retraite : ce que vous pouvez perdre sur votre pension française en travaillant à l’étranger

Retraite : ce que vous pouvez perdre sur votre pension française en travaillant à l’étranger

Ce n’est pas forcément votre premier critère pour choisir votre destination d’expatriation. Pourtant il a son importance. Car d’un pays à l’autre, les règles pour prendre en compte vos droits à la retraite ne sont pas les mêmes. Pour comprendre ce que ce choix peut changer, Novelvy retraite, cabinet d’experts en droits de retraite, a réalisé pour Capital, plusieurs simulations. Attention les cas présentés sont des expatriés, il ne s’agit pas de personnes dites “détachées” par leur entreprise pour aller travailler à l’étranger. Pour ces dernières il n’y a pas de changement car elles sont considérées comme les salariés français et bénéficient des mêmes droits à la retraite que si elles étaient restées en France.

Pour établir notre comparaison, nous avons pris comme référence un salarié né en 1967 percevant 71.000 euros par an en France et terminant sa carrière avec une rémunération de 93.000 euros par an. Dans notre premier exemple ci-dessous, Andréa est une salariée qui a réalisé toute sa carrière en France. Au total, elle a cotisé 170 trimestres, nombre de trimestres nécessaires pour sa génération pour obtenir une retraite à taux plein. Lorsqu’elle partira à la retraite, sa pension brute annuelle s’élèvera à 45.327 euros dont 20.203 euros de retraite de base et 25.214 euros de retraite complémentaire Agirc-Arrco. Elle percevra 3.413 euros de pension par mois. Nous avons ensuite comparé la situation d’Andréa à celle de salariés (à revenu et carrière identique) s’étant expatriés.

Claude lui a le même niveau de rémunération qu’Andréa à la différence près que sur les 170 trimestres cotisés, seuls 100 trimestres (soit 25 ans) l’ont été en France. Il a ensuite passé 56 trimestres (soit 14 ans) au Royaume-Uni puis 14 trimestres (3 ans et demi) en Allemagne. Ces deux Etats appartenaient à l’époque à l’Union européenne, le Royaume-Uni n’en étant pas encore sorti. Or, il existe un règlement qui permet que les périodes effectuées dans les pays de l’Union soient prises en compte dans le calcul de la durée d’assurance nécessaire pour obtenir le taux plein. Cet accord permet donc à Claude d’éviter une décote sur sa pension française car il est considéré qu’il a cotisé 170 trimestres et pas seulement les 100 trimestres travaillés en France.

Cependant, pour sa retraite française seuls les revenus perçus en France entrent dans le calcul du salaire annuel moyen et des points Agirc-Arrco qui est utilisé pour déterminer le niveau de pension. Ainsi, en partant à la retraite, il perçoit une pension française de 22.420 euros brut par an (soit 1.689 euros net par mois). Comme tous ses trimestres ont été pris en compte, il n’a aucune décote ni sur sa retraite de base ni sur sa retraite complémentaire Agirc-Arrco. A cette pension s’ajoute une retraite anglaise de 3.900 livres par an (soit 4.526,26 euros si l’on prend le cours actuel de la livre) et une retraite allemande de 3.800 euros. “Il est cependant difficile d’additionner ces trois montants à cause du taux de change et surtout parce que les dates d’effet ne sont pas les mêmes, précise Pascale Gauthier, associée chez Novelvy retraite. Claude demandera sa retraite française au taux plein à 62 ans mais sa retraite anglaise au plus tôt à 67 ans et en Allemagne à 67 ans également avec une possibilité de départ anticipé à 65 ans mais avec une minoration de 7,2%”, détaille-t-elle.

Dans notre exemple suivant Anne a, comme Claude, travaillé 25 ans en France puis est partie en Angleterre pendant 14 ans. Mais contrairement à ce dernier, elle n’a pas terminé sa carrière en Allemagne mais aux Etats-Unis (durée de 3 ans et demi). Une différence qui a son importance puisque l’accord passé avec l’Angleterre n’est pas le même que celui passé avec les Etats-Unis. Or, dans le calcul de la durée d’assurance, une seule convention ne peut être retenue. Il s’agit de celle qui a la plus longue durée. Dans le cas d’Anne c’est donc le règlement européen qui sera pris en compte. Ses 14 années passées en Angleterre sont comptabilisées, ce qui n’est pas le cas des périodes travaillées aux Etats-Unis (14 trimestres). Donc pour le calcul de sa retraite de base et complémentaire, ce ne sont pas 170 trimestres qui seront comptés mais 156 trimestres (170 – 14). Il lui manque donc 14 trimestres pour obtenir une retraite française à taux plein.

En conséquence, elle aura une décote sur sa retraite de base. Elle est de 1,25% par trimestre manquant soit 17,5% ( 14 x 1,25) pour la retraite de base et 14,5% (soit une minoration de 1% pour les 12 premiers trimestres manquants et 1,25% pour les deux suivants). Résultat, la retraite de base d’Anne s’élèvera à 18.851 euros brut par an soit 1.420 euros net par mois. Contrairement à Claude qui avait fait toute sa carrière dans des pays répondant aux mêmes règlements, le passage aux Etats-Unis d’Anne aura pour conséquence de lui faire perdre 269 euros net de pension française par mois. Par ailleurs, son expérience américaine lui permettra de se voir verser une retraite de 4.707,73 dollars par an (soit 3.965,44 euros) à cela s’ajoute sa retraite anglaise de 3.900 livres (soit 4.526,26 euros).

Il est cependant possible que les années passées aux Etats-Unis puissent être prises en compte dans le calcul de la retraite française. C’est le cas de Julie qui, après avoir travaillé 25 ans en France, a terminé sa carrière aux Etats-Unis. Comme il existe un accord bilatéral de Sécurité sociale et que c’est le seul pays dans lequel notre exemple s’est expatrié, les trimestres cotisés de l’autre côté de l’Atlantique (70) sont pris en compte. Résultat Julie, contrairement à Anne, ne subira pas de décote sur ses retraites de base et complémentaire françaises. Elle touchera alors une pension annuelle française de 22.420 euros brut, soit 1.689 euros net par mois. Le même montant que l’un de nos exemples précédents, Claude, qui a fait toute sa carrière dans des pays de l’Union européenne. Par ailleurs, Julie percevra une retraite américaine de 25.078 dollars par an (soit 21.144,14 euros).

Autre profil qui peut exister, celui d’un salarié qui s’expatrie dans un pays qui n’a pas d’accord de Sécurité sociale avec la France. C’est le cas aujourd’hui de la Chine. Prenons l’exemple de Michel qui, après avoir cotisé pendant 25 ans en France, s’expatrie en Chine. Il travaille pendant 17,5 ans et cotise donc pendant 70 trimestres. Sauf que, faute de convention, cette durée d’assurance ne sera pas comptabilisée dans le calcul de sa future pension. Résultat, sa pension de base française subit la décote maximale de 25% (équivalent à 20 trimestres manquants) et sa retraite complémentaire 22%. Sa pension annuelle s’élèvera à 17.169 euros brut soit 1.293 euros net par mois. Si l’on compare sa situation à celle de Julie qui a connu la même période d’expatriation mais dans un pays ayant un accord de Sécurité sociale, la différence de pension française par mois est de 396 euros.

Pour limiter cette perte, il peut décider de cotiser à la Caisse des français de l’étranger (CFE). Dans ce cas, le nombre de trimestres travaillé en Chine pourra être comptabilisé pour l’obtention d’une retraite à taux plein en France. La cotisation versée pourra aussi lui permettre d’augmenter son niveau de pension. Ainsi, s’il décidait de cotiser à la CFE, sa pension annuelle brute française serait de 2.414 euros net par mois, soit 1.121 euros de plus qu’en l’absence d’adhésion à la CFE. Le coût de la cotisation est de 7.300 euros par an. “Cette cotisation est intéressante car elle évite la minoration de la retraite et améliore son niveau. La cotisation joue sur trois données prises en compte pour le calcul de votre pension : le salaire moyen, la durée d’assurance et l’annulation de la décote”, précise Pascale Gauthier. Et la cotisation versée à la CFE sera remboursée au bout de neuf ans de retraite.

Source Capital.fr

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