“Tous les dossiers retraite seront traités durant le confinement”, assure Renaud Villard, directeur de la Cnav

“Tous les dossiers retraite seront traités durant le confinement”, assure Renaud Villard, directeur de la Cnav

“Tous les dossiers retraite seront traités durant le confinement”, assure Renaud Villard, directeur de la Cnav

Capital : Depuis le reconfinement quels sont les services proposés par la Cnav ?

Renaud Villard : Contrairement au premier confinement, aujourd’hui l’accueil physique en agence reste possible. Il est cependant exceptionnel. Il faut prendre rendez-vous et cet accueil est réservé pour les assurés qui sont perdus face à la machine administrative et qui risqueraient, compte tenu de l’urgence de leur dossier, de se retrouver fragilisés économiquement. Comme en mars, nous assurons prioritairement des rendez-vous par visio et par téléphone.

Capital : Dans ces conditions, il n’est pas utile de repousser ses démarches pour la retraite ?

Renaud Villard : Surtout pas ! Il faut que vous fassiez comme d’habitude. Une retraite cela se prépare 4 à 6 mois avant. Si vous avez des questions à nous poser, n’attendez pas pour le faire. Tous les dossiers retraite seront traités pendant le confinement. Nous voulons éviter ce que l’on a vu pendant le premier confinement avec des gens qui attendaient, se disant qu’ils ne voulaient pas nous embêter. Du coup, nous avons vu arriver des dossiers en juillet en très grand nombre à une période qui correspondait plus ou moins aux congés. Nous avons su faire face car nous avions anticipé, mais c’est toujours mieux quand les dossiers arrivent au fil de l’eau.

Capital : Vous avez mis l’accent sur le développement des services en ligne ?

Renaud Villard : Au premier confinement, en un peu moins de quatre semaines, nous avons rendu possible l’interaction avec nous, sur tous nos services, par voie dématérialisée. Depuis, nous avons maintenu ces possibilités techniques et nous sommes même montés en gamme sur certains services. Par exemple, en mai, nous avions livré en urgence une demande de réversion pour les veuves qui était un pdf en ligne. En juillet, avec l’ensemble des régimes de retraite, nous avons livré une demande de réversion en ligne complètement fonctionnelle.

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Capital : Vous comptez en développer d’autres ?

Renaud Villard : Nous avons déjà 23 services en ligne et des petits nouveaux sont en train d’arriver. Au premier semestre 2021, nous allons livrer une demande de service en ligne pour les aides à l’accompagnement pour les personnes en perte d’autonomie. Depuis des années, nous développons des services en ligne sur notre coeur de métier comme la demande de retraite et progressivement nous allons sur des services en ligne un peu plus experts. Nous voyons que cela fonctionne bien. Notre enjeu est d’être crédible et pour cela il faut que nos délais de traitements soient rapides. Exemple typique : si vous ouvrez un service de messagerie et que vous répondez aux messages trois semaines après, cela ne sert à rien. Nous avons un engagement : répondre dans les 72 heures dans tous les cas.

Capital : Mais tout le monde n’est pas forcément familiarisé avec ces services dématérialisés…

Renaud Villard : Les services en ligne et l’accueil physique sont complémentaires. Tous nos services en ligne sont réplicables en papier. Nous n’imposons aucun service uniquement en ligne. C’est au choix de l’assuré. Oui, nous faisons plus de promotions pour les services en ligne, mais si quelqu’un veut nous envoyer un document manuscrit avec des photocopies, nous traitons son dossier dans les mêmes délais.

Capital : Avec ce nouveau confinement, les pensions seront-elles versées en temps et en heure ?

Renaud Villard : Les versements seront tenus tout autant qu’en mars. Là-dessus, aucune inquiétude. Nous sommes dans le plan de marche que nous avons prévu. Contrairement à mars, les institutions financières fonctionnent mieux, donc nous n’avons pas de crainte sur le fait que tout le système bancaire jusqu’au client final fonctionne bien. Alors que je ne vous cache pas qu’en avril on avait cette inquiétude sur la chaîne de paiement, car les 12 milliards de pension que nous versons chaque mois arrivent en une nuit. Mais même dans ces conditions, nous avons payé les retraites rubis sur l’ongle. Le fait qu’on a complètement maîtrisé cette chaîne pendant le premier confinement me rend assez serein sur le nouveau confinement. C’est un sujet que l’on surveille mois après mois comme le lait sur le feu. C’est un point de vigilance majeur, ce n’est pas du tout un point d’inquiétude.

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Capital : Qu’en est-il de la revalorisation des pensions de base attendue au 1er janvier 2021 ?

Renaud Villard : En 2021, la revalorisation de toutes les pensions se fera sur l’inflation hors tabac. Pour cela, on se base sur les chiffres des douze derniers mois de novembre à novembre. L’inflation risque toutefois d’être extrêmement faible, entre 0,2 et 0,4%. On devrait connaître cette information début décembre. Ce qui n’est pas toujours simple pour les retraités qui ont l’impression que l’on n’augmente pas leur retraite. Mais quand l’inflation est à 5% on augmente les retraites de 5%, cela revient au même en terme de pouvoir d’achat. Evidemment en perception ce n’est pas pareil d’avoir une retraite qui passe de 1.000 à 1.050 euros qu’une retraite qui passe de 1.000 à 1.004 euros.

Capital : Ce nouveau confinement risque encore d’aggraver le déficit global du régime annoncé par le Conseil d’orientation des retraites à plus de 25 milliards d’euros en 2020 ?

Renaud Villard : Le reconfinement peut dégrader encore le solde de 2020. En ce qui concerne la Cnav, il faut savoir que le déficit certain en 2020 et celui très probable en 2021 sont déjà couverts. C’est-à-dire qu’il est déjà pris en charge par la caisse d’amortissement de la dette sociale. Nous n’avons pas d’inquiétude forte sur ce déficit à court terme. Après, évidemment, structurellement un régime de retraite ne doit pas être en déficit. Nous ne sommes donc pas inquiets sur les liquidités et la trésorerie pour payer les retraites même si les cotisations en face ne rentrent pas.

Capital : Un recul des cotisations qui risque de s’aggraver encore dans les prochains mois ?

Renaud Villard : Les cotisations vont clairement moins rentrer au 15 novembre et pas très bien non plus au 15 décembre. On a une capacité de trésorerie et l’Acoss, la banque de la Sécu, fonctionne très bien. Elle a une bonne signature sur les marchés financiers ce qui fait que la couverture des emprunts est excellente, car la Sécu est une machine sérieuse. En revanche, l’impact du chômage partiel va être important sur le plan financier. Notamment quand on prend en compte les secteurs (restauration, événementiels…) durement touchés par les deux confinements, et qui auront une reprise d’activité limitée.

Capital : D’autant que la mesure de compensation permettant de valider un trimestre de retraite au chômage partiel sans cotiser risque de prendre de l’ampleur ?

Renaud Villard : En mars-avril je faisais partie de ceux qui disaient que cela ne coûterait à peu près rien. Ensuite, compte tenu du fait qu’une partie de l’activité en juillet août était encore en berne, l’impact minimum était chiffré à 200 millions. Avec le reconfinement, je suis certain que l’impact de cette mesure va augmenter de manière extrêmement conséquente. On a beaucoup de salariés, qui, sans cette mesure, se retrouveraient avec deux ou trois trimestres en 2020, au lieu des 4 trimestres auxquels ils s’attendaient. Clairement, on changé d’échelle. Nous n’avons pas encore réalisé de chiffrage, mais le coût pourrait atteindre jusqu’à 500 millions d’euros.

Capital : Si les ressources du régime baisse, est-ce aussi le cas des dépenses, composées essentiellement du paiement des pensions ?

Renaud Villard : La surmortalité causée par le coronavirus fait mécaniquement que nous avons moins de retraite à payer. Après pour rester dans ces calculs un peu macabres, même à 50.000 morts pour nous c’est l’épaisseur du trait en terme de dépenses. Aujourd’hui nous avons pas moins de 15 millions de retraités en paiement : 50.000 sur 15 millions cela représente quelques dizaines de millions d’euros, là où la branche retraite c’est 140 milliards par an. L’impact sur les finances sociales est limité. C’est évidemment effroyable à l’échelle individuelle, c’est collectivement une surmortalité massive, mais il ne faut pas oublier que tous les ans il y a 700.000 personnes qui meurent. En termes d’équilibres démographiques globaux, l’impact est assez modeste.

Source Capital.fr

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