une épargne responsable dans le cadre de l’assurance-vie

une épargne responsable dans le cadre de l’assurance-vie

L’assurance-vie, placement préféré des Français, a raté le tournant solidaire. Pour s’en convaincre, il suffit de se référer à Finansol, l’association qui labellise les produits solidaires : seulement deux contrats d’assurance-vie y ont décroché le label, le Contrat Solidaire, du Crédit agricole et Entraid’Epargne, de la Carac. C’est peu au vu des centaines de contrats qui existent…

Au-delà du label Finansol, quelques autres contrats jouent aussi la carte du solidaire, comme le contrat de la MAIF Assurance-vie responsable et solidaire, ou Solid’R Vie de l’association Asac Fapes, mais aucun d’eux n’a décroché le précieux sésame. Tout comme les nombreux contrats qui renferment quelques fonds solidaires (90-10) parmi leurs larges gammes de fonds « en unités de compte ».

« Avec un total collecté de 200 millions d’euros dans les assurances-vie solidaires à la fin 2018, soit 1 % de l’épargne solidaire, le poids de ce placement reste marginal », confirme Frédéric Tiberghien, le président de Finansol. « Ce montant a triplé en sept ans, mais en partant de très bas, et si la croissance se poursuit, elle est très faible », poursuit-il.

Méconnaissance des assureurs

Les raisons de ce désamour ?

En premier lieu, l’aversion au risque des souscripteurs qui continuent à privilégier très largement le fonds en euros garanti, plutôt que les fonds investis en actions ou risqués, parmi lesquels se situent les fonds solidaires.

En second lieu pointe l’inadéquation de l’offre d’assurance-vie aux attentes des épargnants solidaires : « Ils ne veulent pas de risque, désirent que leur placement ait une utilité sociale ou environnementale forte, plutôt qu’un bon rendement financier », relève M. Tiberghien. Mais aussi une forte méconnaissance des assureurs quant à la finance solidaire. Rares sont par exemple ceux qui disposent d’équipes dédiées au financement solidaire et d’une expertise dans le domaine.

Grâce à la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises, votée au printemps), les choses devraient cependant évoluer, puisque les sociétés d’assurance-vie auront l’obligation de faire figurer dans leurs nouveaux contrats, à partir de 2022, au moins un fonds solidaire, une disposition à laquelle les assureurs se sont opposés farouchement, mais sans succès.

Cela apportera une meilleure visibilité à ces formes d’investissement, au moment où les fonds en euros devraient voir s’éteindre leurs derniers feux, mis à mal par la baisse drastique des rendements due à l’environnement de taux négatifs et aux restrictions de plus en plus fortes que les assureurs imposent à leur accès. Les fonds solidaires pourraient alors avoir quelques arguments à faire valoir pour donner du sens à l’épargne.

Un fonds « vert » dès 2022

Parallèlement, Finansol envisage de revoir les critères fixés pour l’obtention de son label ; critères que les assureurs trouvent trop contraignants, puisqu’ils imposent que 5 % des encours gérés dans le contrat soient investis dans le solidaire. « Nous pourrions réviser notre règlement afin que ce seuil de 5 % soit atteint après quelques années, et non immédiatement », dévoile M. Tiberghien. Une révision qui permettrait à un contrat comme celui de la MAIF d’être labellisé : s’il investit de faibles pourcentages en solidaire (environ 1 % de ses encours via le fonds général, plus la part solidaire des fonds dits « 90-10 » [qui consacrent jusqu’à 10 % de leurs actifs au financement de projets solidaires]), les montants consacrés en euros aux financements solidaires y sont très significatifs et en progression régulière.

Si les assurés doivent encore attendre trois ans avant l’apparition des fonds solidaires, ils auront besoin de moins de patience pour disposer de fonds d’investissement socialement responsable (ISR) et de fonds « verts ». En effet, la même loi Pacte impose que tous les nouveaux contrats offrent au moins un fonds portant le « label ISR » à partir de 2020, et ils devront y ajouter un fonds « vert » à partir de 2022, soit en même temps que les fonds solidaires.

Reste que sur le sujet de l’ISR, les assureurs se montrent plus sensibles, et la plupart d’entre eux n’ont pas attendu la loi pour les faire figurer dans leurs gammes. En septembre, l’assureur Aviva a ainsi annoncé l’intégration de vingt-cinq fonds ESG (pour Environnement, social et gouvernance) dans les gammes de tous ses contrats, ainsi que la possibilité d’opter pour une gestion pilotée au travers de ces mêmes supports. Et dans les contrats vendus sur Internet, ces fonds se comptent par dizaines.

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