La collecte des livrets A et LDDS reste à un niveau record en mai

La collecte des livrets A et LDDS reste à un niveau record en mai

Cette année 2020 est décidément une période exceptionnelle pour l’épargne. Ce mardi, la Caisse des dépôts vient de publier les derniers chiffres des retraits et dépôts sur le livret A et le LDDS (Livret de développement durable et solidaire). Après des premiers mois fastes, les sommes déposées sur ces différents produits ont continué d’exploser en mai, avec 5,14 milliards d’euros collectés au total. La hausse par rapport à une année plus classique est notable : l’an dernier, sur le même mois, seul 1,61 milliard d’euros avait été déposé sur ces deux produits.

Évolution de la collecte nette par mois (en milliards d’euros) Caisse des dépôts, Le Figaro

À titre de comparaison, les mois de mars et avril derniers avaient été particulièrement fructueux pour les dépôts, avec une collecte nette respective de 3,82 et 7,39 milliards d’euros. Des montants déjà en forte hausse par rapport aux mêmes périodes un an plus tôt, lorsque les ménages avaient déposé 2,52 puis 2,48 milliards d’euros seulement.

Sur les cinq premiers mois de l’année 2020 cumulés, les dépôts ont été particulièrement massifs, dépassant les 22,4 milliards d’euros sur ces deux livrets. Le livret A, notamment, a été particulièrement prisé, avec 17,4 milliards d’euros déposés en cinq mois, contre 11,06 milliards d’euros sur la même période un an plus tôt. Même chose pour le LDDS, qui a récolté près de 5 milliards d’euros depuis janvier contre 2,67 milliards d’euros sur la même période en 2019.

Évolution des dépôts cumulés des livrets A et LDDS Le Figaro, Caisse des dépôts

Une collecte toujours plus importante

Confinement oblige, les Français ont massivement mis de côté ces dernières semaines. Au point d’inquiéter l’exécutif, qui y voit un risque pour la consommation, la croissance et la relance de l’activité. Des dépenses trop frileuses pourraient en effet fragiliser la reprise, et ce alors que l’économie française dépend fortement des achats des ménages. «Ce n’est pas d’épargne dont nous avons besoin aujourd’hui pour notre économie, mais d’investissement», avait ainsi déclaré Bruno Le Maire, mi-avril, à l’Assemblée nationale. Il faut dire que le ministre conseillait aux Français de diversifier leurs placements, avant même la crise, citant l’exemple des plans d’épargne en actions ou des assurances vie.

«Le côté épargne a prévalu sur la reprise de la consommation», commente l’économiste et directeur du Cercle de l’épargne Philippe Crevel. «Le dégonflement du livret A et de la cagnotte constituée n’a pas encore commencé, bien au contraire : les ménages ont renforcé leur épargne de précaution». Une poursuite du processus engagé en mars et qui est «logique, compte tenu du contexte et des incertitudes», estime l’expert.

La collecte du livret A reste particulièrement dynamique : après avoir atteint un record quasi-historique en avril, avec près de 5,5 milliards d’euros – la collecte la plus forte ayant été réalisée en janvier 2013, avec 8,21 milliards d’euros, à l’occasion de la hausse du plafond du livret -, elle frôlait en mai les 4 milliards d’euros. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet engouement : «à chaque crise, on observe un relèvement des dépôts, les ménages mettent de côté car l’épargne liquide garantie par l’État est une valeur refuge», explique Philippe Crevel. En outre, la fermeture des agences bancaires et le fait que le confinement intervienne durant une période habituelle de collecte des livrets ont également pu jouer.

Sur le long terme, le gouvernement a donc «du travail à faire pour inciter les ménages à réorienter leur épargne ou à puiser dans leurs bas de laine», analyse l’expert. Il faudra en effet rassurer les Français, qui, depuis quelques années, épargnaient déjà de plus en plus, marqués par les crises successives comme les «gilets jaunes» ou le conflit autour de la réforme des retraites. «Tout concourait à ce que l’épargne soit massive, ces temps-ci», ajoute l’économiste, soulignant «l’attentisme des ménages», inquiets pour l’avenir. Chat échaudé craint l’eau froide.

Source Le Figaro

Si vous avez aimé cet article, partagez le !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.