Édouard Philippe acte de nouvelles avancées

Édouard Philippe acte de nouvelles avancées

Le premier ministre a fait jeudi de nouvelles propositions, lors d’une réunion avec les partenaires sociaux à Matignon, sur plusieurs points de la réforme des retraites qui avaient été renvoyés à la concertation: conversion des droits acquis, emploi des seniors, pension minimum, pénibilité… Après deux heures d’échanges avec les organisations syndicales et patronales, Édouard Philippe s’est félicité de «nouvelles avancées sociales», qui donneront lieu à des amendements intégrés au projet de loi qui doit être examiné dès lundi en séance à l’Assemblée.

Les syndicats hostiles à la réforme demandent toujours son retrait. Les centrales réformistes ont salué les propositions du chef du gouvernement mais regretté l’absence d’avancée sur la pénibilité, la CFDT dénonçant même un «blocage» du patronat.

● Plus avantageuse, la «clause à l’italienne» est retenue

Bonne nouvelle pour les actifs nés après 1975 dont la carrière se déroulera à cheval sur les deux systèmes. Si le gouvernement a toujours promis que 100 % des droits acquis dans le régime actuel seraient conservés, plusieurs options techniques étaient à l’étude. À la satisfaction des syndicats, c’est l’option la plus favorable, celle permettant d’assurer une pension future la plus élevée, dite clause «à l’italienne», qui a été retenue. Le calcul des droits acquis avant 2025 se fera au moment du départ effectif en retraite – et non au moment de la bascule dans le nouveau système -, «sur la base des six vrais derniers mois» pour les fonctionnaires ou «par référence aux 25 meilleures années» pour les salariés du privé, ce qui est «plus respectueux de la réalité des carrières», a affirmé Édouard Philippe.

Cette option, plus coûteuse, est individuellement plus rassurante et surtout constitutionnellement plus solide. Ce «calcul favorable» va «tranquilliser une quinzaine de générations supplémentaires» et permettre une transition «très en douceur» vers le «système universel» s’est félicité Laurent Escure, le secrétaire général de l’Unsa.

● Le minimum contributif est revalorisé

Édouard Philippe a confirmé la hausse du minimum contributif: quiconque partira à la retraite à partir de 2022, après avoir travaillé toute sa vie (soit 156 trimestres) au smic, percevra au minimum 1 000 euros en 2022 et 85 % du smic, soit environ 1 147 euros, à compter de 2025. Les syndicats demandent eux une retraite minimum à 100 % du smic. Le chef du gouvernement s’est dit disposé à en discuter dans le cadre de la conférence de financement tout en rappelant «qu’il est légitime dans notre société de conserver un écart entre un revenu d’activité et un revenu lié à la retraite». Cet engagement ne concerne que les nouveaux retraités, mais certains députés de la majorité voudraient l’étendre aux retraités actuels. Une mission pour chiffrer une telle mesure devrait être confiée au député LREM Olivier Véran.

● La retraite progressive est rendue plus facile d’accès

La retraite progressive, qui doit permettre une transition plus souple entre activité et retraite, sera ouverte à 60 ans dans le public et le privé, et rendue plus facile d’accès. En outre, Muriel Pénicaud, ministre du Travail, va lancer une concertation sur le «compte épargne temps universel», où chaque actif pourra mettre ses jours de congé ou de RTT non pris et les utiliser à tout moment de sa carrière: pour se former, pour s’occuper de ses enfants ou de ses parents âgés, pour partir plus tôt en retraite, etc.

Dans la fonction publique, le gouvernement va déplafonner «sans attendre» le compte épargne temps (CET) existant pour permettre des mi-temps, en fin de carrière, «par exemple à l’hôpital où chacun mesure la dévotion et le dur métier des aides-soignants et des infirmières», a indiqué le premier ministre. Les fonctionnaires, dont certains ont déjà stocké beaucoup de jours sur leur CET, pourront effectuer leurs deux dernières années de service à 80 % de temps en «filant» leurs jours, au lieu de partir six mois plus tôt en regroupant leurs jours.

Dans la même optique, le gouvernement veut développer le mécénat de compétences, qui permet aux entreprises de mettre à disposition un salarié sur son temps de travail au profit d’un projet d’intérêt général. Le salarié reste rémunéré par l’entreprise au même salaire et peut déduire une partie de ses impôts. Le gouvernement veut étendre ce dispositif aux entreprises de moins de 5 000 salariés.

● Pénibilité: syndicats et patronat s’opposent

Pour les actifs exerçant un métier pénible, Édouard Philippe a annoncé la création d’un «véritable droit à la reconversion» en créant un congé de reconversion de six mois rémunéré, bénéficiant de 12.600 euros de dotation pour financer une formation et basculer vers un nouveau métier. Les branches professionnelles seront par ailleurs «invitées à ouvrir des discussions» d’ici à la fin de l’année «pour lancer un plan massif de prévention de la pénibilité».

On sent un gros blocage des organisations patronales

Laurent Berger, patron de la CFDT

Un fonds de 100 millions d’euros, financé par la Sécu, permettra de financer l’achat par exemple de brouettes tractées sur les chantiers, de ceintures «maintenantes» pour les aides-soignantes, etc. En revanche, «la question de la réparation», c’est-à-dire du droit à un départ anticipé avant
62 ans, ne fait pas consensus et est renvoyée à la conférence de financement. «On sent un gros blocage des organisations patronales», a déploré Laurent Berger, patron de la CFDT. Le Medef a manifesté son «inquiétude» face à «une impasse totale» sur l’aspect financier. «Savoir combien cela peut coûter sera essentiel pour savoir ce qu’on peut s’offrir», a conclu le président de la CPME, François Asselin.

Buzyn annonce la suppression du concours d’aide-soignante

Alors que les candidatures aux instituts de formation des aides-soignants (Ifas) sont en fort recul, la ministre de la Santé et des Solidarités a annoncé jeudi une série de mesures pour renforcer l’attractivité de ce métier. En déplacement avec Myriam El Khomri, qui lui avait remis un rapport en octobre sur les métiers du grand âge, Agnès Buzyn a annoncé la suppression du concours d’aide-soignant, que l’ex-ministre du Travail lui avait proposée. Il sera remplacé dès septembre par un examen sur dossier et un oral, valorisant davantage les qualités relationnelles. Agnès Buzyn a aussi annoncé la refonte de la formation initiale, qui passera de 10 à 12 mois, avec de nouveaux enseignements, comme le repérage des fragilités ou la prévention de la perte d’autonomie. Un effort sera également fait pour prévenir la sinistralité de ce métier, avec la création d’un fonds national de prévention doté de 40 millions d’euros et la mise en place, sur les deux dernières années de carrière, d’un mi-temps payé à 75 % avec 100 % de cotisation retraite grâce à l’appui du Fonds pour l’emploi hospitalier.

Source Le Figaro

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