Réforme des retraites : pourquoi la concertation s’enlise

Réforme des retraites : pourquoi la concertation s’enlise

Réforme des retraites : pourquoi la concertation s’enlise

Dîner à l’Élysée, tête-à-tête à Matignon, concertations au ministère du Travail, les discussions sur la future réforme des retraites s’entrecroisent voire même s’entrechoquent. Ce mercredi 7 décembre, le président de la République a organisé un dîner avec des cadres de la majorité. Selon Le Parisien, au cours de ce repas, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de repousser l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Autre arbitrage évoqué, celui de faire passer cette réforme via un projet de loi de financement de la Sécurité sociale rectificatif. Une option qui permet au gouvernement de garder une cartouche de 49-3 pour un autre projet de loi. En effet, si l’exécutif a la possibilité d’utiliser seulement une fois par session parlementaire le 49-3 pour un projet de loi, son utilisation est illimitée pour les lois de finances et de financement de la Sécurité sociale.

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Alors que dans les coulisses les décisions semblent déjà se dessiner, les partenaires sociaux continuent à se rendre au ministère du Travail pour concerter. Après avoir évoqué l’emploi de seniors et l’équité des retraites, lors de deux premiers cycles, ils abordent désormais la question délicate du financement du régime. “Ce que l’on sent, c’est qu’ils veulent remonter l’âge de la retraite. Ils sont prêts”, témoigne Pascale Coton de la CFTC, après sa rencontre au ministère du Travail.

En parallèle, Élisabeth Borne a commencé à recevoir, ce jeudi 8 décembre, les leaders des syndicats. “Elle nous a reçus pour connaître notre sentiment sur l’avancée des concertations et ce que l’on peut dire c’est que le climat est très tendu”, raconte François Hommeril, chef de file de la CFE-CGC. Sans surprise, les 4 leaders syndicaux déjà reçus (CFTC, CGT, CFE-CGC et CFDT) ont rappelé leur farouche opposition à cette réforme. “On sent qu’il y a des avancées notamment sur la prise en compte de la pénibilité où ils envisagent de réintégrer des critères qui avaient été enlevés comme le port de charges lourdes et aussi pour relever le minimum de pension à 85% soit autour de 1.200 euros, se félicite Cyril Chabanier, président de la CFTC. Mais ils sont bloqués sur leurs mesures d’équilibre et insistent pour relever l’âge légal de départ à 65 ans ou à 64 ans avec en parallèle une accélération de la réforme Touraine (qui allonge progressivement la durée de cotisation pour obtenir le taux plein, ndlr)”, regrette-t-il.


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Si la CFTC a proposé un mélange de solutions alternatives comme relever de 0,4 point les cotisations salariales et patronales ou encore supprimer certaines exonérations de cotisations qui ne sont pas efficaces, “nous avons senti qu’en face, ils étaient fermés sur ces questions”, juge le patron de la CFTC. Même sentiment du côté de la CFE-CGC. “Il faut vraiment travailler sur l’emploi des seniors et contraindre les employeurs à le faire, martèle François Hommeril. Il est là le vrai sujet ! La réforme de l’exécutif est inacceptable sur le plan technique et politique.”

Le gouvernement tient son calendrier

De son côté, l’exécutif veut montrer qu’il maintient son cap… et son calendrier. À longueur de rencontres, il rappelle que son but est de sauver le régime de retraite et reprend à volonté le diagnostic du Conseil d’orientation des retraites (Cor) publié en septembre dernier. Ce dernier indique que, malgré un excédent de plus de 3 milliards d’euros en 2022, le régime sera ensuite en déficit jusqu’en 2032. Ce discours, Élisabeth Borne le répétera sûrement de nouveau en début de semaine prochaine. Elle doit en effet continuer de rencontrer les leaders syndicaux mais aussi les responsables des groupes parlementaires. “Tous ces chiffres avancés sont sans valeur pour nous, prévient François Hommeril, ce qu’il faut avant tout retenir c’est que le Cor dit que le système n’est pas en danger.”

Le ministère du Travail, lui, ne stoppe pas les concertations et a même proposé aux organisations qui le souhaitent un deuxième rendez-vous pour parler équilibre du régime. “Mais on se demande bien à quoi servent ces rendez-vous maintenant, surtout que le ministre Olivier Dussopt n’y est jamais”, critique un syndicaliste. Ensuite, autour du 15 décembre, Élisabeth Borne présentera les principaux arbitrages de la réforme. “Nous avons cependant compris que si certaines des propositions que nous faisons sont reprises, nous aurons un petit coup de fil avant les annonces”, glisse un syndicaliste. Puis, début 2023, le texte doit être présenté en conseil des ministres avant son passage au Parlement, sûrement à partir de fin janvier.

Front commun des syndicats

Le 3e cycle de la concertation se fait donc au pas de course et les syndicats commencent à se lasser des pratiques de l’exécutif, regrettant le manque de réponses à leurs propositions. Certains supposent même des calculs stratégiques de la part du gouvernement. “Ils nous disent tous 65 ans aujourd’hui et c’est peut-être pour opter plus tard pour 64 ans et nous dire qu’ils ont négocié”, envisage un syndicaliste.

Le bras de fer est donc bel et bien engagé entre les syndicats et le gouvernement. Et si l’exécutif s’accroche à son calendrier, les syndicats ont fait une première sommation. Lundi 5 décembre, ils se sont réunis en intersyndicale, regroupant 13 organisations représentants les actifs mais aussi les étudiants et les lycéens (CFDT, CFTC, FO, CGT, CFE-CGC, Unsa, Solidaires, FSU, Unef, la Voix lycéenne, la Fage, Fidl et MNL). Dans un communiqué, ils ont rappelé que pour eux le système n’est pas en danger et que si le gouvernement s’entête à vouloir relever l’âge de départ à la retraite, ils construiront ensemble les mobilisations qui passeront “par des grèves et des manifestations en janvier”.

Dans les semaines à venir, nous continuerons à vous informer et à décrypter les avancées de la réforme des retraites.

Et si vous avez raté les premiers épisodes des discussions, retrouvez les ici :

Source Capital.fr

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