Report de l’âge de départ à la retraite : l’option sur laquelle pourrait se rabattre le gouvernement

Report de l’âge de départ à la retraite : l’option sur laquelle pourrait se rabattre le gouvernement

Report de l’âge de départ à la retraite : l’option sur laquelle pourrait se rabattre le gouvernement

Le totem n’aura pas tenu très longtemps. Alors qu’au début de sa campagne pour sa réélection, Emmanuel Macron présentait comme l’une de ses mesures phares le report de l’âge de départ à 64 voire 65 ans, depuis, le discours s’est assoupli. Dans une interview donnée au JDD, dimanche 22 mai, la Première ministre Élisabeth Borne a affirmé que la retraite à 65 ans n’est pas un totem. Ce mardi 24 mai, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a donné quelques bribes de réflexion dans une interview sur RTL.

Plus question de parler d’un report de l’âge coûte que coûte pour sauver les finances du régime de retraite. Le discours est beaucoup plus subtil, pour laisser la place à la négociation avec le patronat et les syndicats. Oui, il y aura bien une réforme des retraites. “Nous inscrirons le calendrier de cette réforme et sa préparation, dans le cadre du plan d’action du gouvernement. Le président de la République nous a fixé un mois pour l’arrêter”, affirmé Olivier Dussopt qui parle de négociations en septembre ou octobre prochain. L’incertitude porte plutôt sur le report ou non de l’âge légal. Et là, le message se brouille un peu plus. “Aujourd’hui il y a beaucoup d’hypocrisie dans tout cela car les réformes déjà votées augmentent la durée de cotisation, a plaidé le ministre. C’est un objectif qui est déjà contenu dans les textes mécaniquement par l’allongement de la durée de cotisation”.

Utiliser l’existant

Le ministre prend donc bien soin de remémorer qu’une réforme est déjà en cours. Cette loi de 2014, baptisée réforme Touraine (du nom de la ministre des Affaires sociales lors du mandat de François Hollande), laisse l’âge légal de départ à 62 ans, mais allonge la durée de cotisation pour obtenir le taux plein, afin d’inciter les Français à travailler plus longtemps. Elle augmente cette durée de cotisation d’un trimestre toutes les trois générations. Les premières générations concernées sont celles nées de 1958 à 1960 qui doivent cotiser 167 trimestres (soit 41 ans et 9 mois) pour obtenir une retraite à taux plein. Un chiffre qui grimpe à 168 trimestres pour celles nées de 1961 à 1963 et qui évolue au même rythme pour atteindre 172 trimestres (soit 43 ans) pour celles nées en 1973 et après. Longue à se mettre en place, elle portera pleinement ses effets d’ici à 2035, lorsque la génération née en 2035 pourra commencer à partir à la retraite.

Car, il faut le rappeler, c’est vous qui décidez lorsque vous partez à la retraite. Et l’un des critères pour faire votre choix est celui de votre niveau de pension. Prenons l’exemple d’un actif né en 1975 qui a commencé à travailler à 22 ans. Il devra attendre 65 ans s’il veut partir avec une retraite à taux plein. “C’est déjà bien que l’exécutif se souvienne de cette mesure, ironise un syndicaliste. Il faut arrêter de croire que tout le monde part à 62 ans”, ajoute-t-il.

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Un impact économique du simple au double

La différence entre un report de l’âge et l’allongement de la durée de cotisation, repose principalement sur l’impact économique de la réforme. L’effet d’un report de l’âge est plus immédiat car c’est l’ensemble d’une génération qui devra obligatoirement travailler jusqu’à 64 ou 65 ans. Même si ce seuil est relevé progressivement, il n’y a pas de choix. Dans le cadre d’un allongement de la durée de cotisation, certains actifs peuvent décider de partir dès 62 ans, même s’ils n’ont pas une retraite à taux plein. Ainsi, d’après des chiffres du Cercle de l’épargne communiqués en 2021, le gain du passage de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans a été évalué à 20 milliards d’euros, contre 10 milliards pour l’allongement de la durée de cotisation. Pour déterminer le niveau d’économies nécessaire, le gouvernement pourra se baser sur le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites qui doit être publié le mois prochain. Le ministre a parlé d’un déficit moyen compris entre 9 et 11 milliards en 2027-2028, qui tendrait vers 16 milliards en 2032.

Le gouvernement avance donc à pas feutré sur cette question de l’âge de départ. “C’est peut-être pour faire passer une autre réforme explosive, celle de la suppression des régimes spéciaux”, envisage une syndicaliste. Et là-dessus, Olivier Dussopt a été très clair, en répondant “oui” sur RTL à la question de savoir s’ils seraient ou non supprimés. “C’est un axe de négociation de dire qu’on ne relève pas l’âge légal de départ à 64 ou 65 ans mais par contre que l’on supprime les régimes spéciaux. Je pense qu’ils vont s’en servir pour ça”, juge un connaisseur des méthodes de négociations d’Olivier Dussopt. Soit l’art du maniement équilibré de la carotte et le bâton.

Source Capital.fr

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