Report de l’âge de la retraite à 65 ans : gare aux effets cachés de la proposition d'Emmanuel Macron

Report de l’âge de la retraite à 65 ans : gare aux effets cachés de la proposition d’Emmanuel Macron

Report de l’âge de la retraite à 65 ans : gare aux effets cachés de la proposition d'Emmanuel Macron

En matière de retraite, le candidat Macron de 2022 n’a plus rien à voir avec celui de 2017. Alors que lors de sa précédente campagne, il avait comme totem de ne pas toucher à l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans, 5 ans plus tard, ce n’est plus le cas. Arguant que le contexte économique a profondément changé, il propose de relever cet âge à 65 ans. Bien sûr, toute l’attention va se focaliser sur ce report de trois ans, mais c’est oublier que relever l’âge de départ entraîne des réactions en chaîne et pose un certain nombre de questions qui n’ont pas encore de réponse.

Pour prendre conscience de ces répercussions, on peut se reporter à la réforme des retraites de 2010 menée par Nicolas Sarkozy, alors président de la République. L’âge légal avait été repoussé de 60 à 62 ans. Première interrogation, relever l’âge de départ va-t-il entraîner aussi un report de l’âge de l’annulation automatique de la décote ? Rappelons qu’aujourd’hui, si vous n’avez pas cotisé suffisamment de trimestres pour obtenir une retraite à taux plein, il faut atteindre l’âge de 67 ans pour bénéficier d’une retraite sans décote.

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Donc si l’âge légal passe de 62 à 65 ans, on pourrait logiquement imaginer que l’âge de suppression de la décote suivra le même chemin. C’est d’ailleurs ce qui avait été fait lors de la réforme des retraites de 2010. L’âge d’annulation de la décote avait alors été progressivement relevé de deux ans, passant de 65 à 67 ans. “Cela veut dire que l’on fixerait cet âge à 70 ans, ce n’est pas possible, prévient Dominique Corona du syndicat Unsa. Surtout que ce sont principalement des femmes avec des emplois précaires, qui ont eu des carrières hachées, qui partent aujourd’hui à 67 ans pour ne pas avoir de décote”, ajoute-t-il. Il n’y a toutefois rien de mécanique. L’âge légal peut très bien évoluer et celui de l’annulation de la décote ne pas bouger. “Cela dépend des économies que vous voulez faire, pointe Michaël Zemmour, économiste, maître de conférences à l’Université Paris Panthéon-Sorbonne. S’il est estimé que les économies réalisées en relevant uniquement l’âge légal ne sont pas suffisantes, alors il est possible d’envisager de relever l’âge automatique du taux plein.”

Quel avenir pour la surcote ?

On peut aussi s’interroger sur la possibilité de revoir les taux de surcote. “Relever l’âge de départ aura pour conséquence de baisser le nombre de retraités partant avec une décote car ils n’ont pas le taux plein mais aussi de diminuer le nombre de ceux qui partent avec une surcote”, note Michaël Zemmour. Actuellement, si vous pouvez partir avec une retraite à taux plein dès 62 ans et que vous décidez de continuer à travailler, chaque trimestre cotisé en plus vous permet d’obtenir une majoration de votre pension de 1,25%. Prenons l’exemple d’un actif qui part à la retraite à 62 ans avec le taux plein. S’il décide de travailler deux ans de plus, il pourra bénéficier d’une surcote sur sa pension de retraite de 10% en partant à 64 ans.

Ce qui deviendra impossible avec un report de l’âge. Notre exemple devra attendre 65 ans pour partir à la retraite, même s’il a le taux plein, et ne bénéficiera plus de surcote sur sa pension, sauf à travailler au-delà de cet âge. “Ces situations sont cependant assez rares et concernent surtout des cadres qui ont commencé à travailler tôt”, relève Michaël Zemmour. “Mais il y aura peut-être un débat sur le niveau de la surcote, estime Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’épargne, et si l’on veut pousser les gens à aller au-delà de 65 ans, il faudra la rehausser”, argue-t-il.

Que vont devenir les départs anticipés ?

Même question en ce qui concerne les départs anticipés pour carrière longue, emploi pénible ou pour la catégorie “active” des fonctionnaires dont certains peuvent partir à la retraite dès 58 ans. Retour une nouvelle fois dans le passé. Lors du passage de l’âge légal de 60 ans à 62 ans, toutes les autres “bornes” d’âge ont évolué. Ainsi, les fonctionnaires en catégorie active ont vu l’âge d’ouverture de leur droit à pension également relevé de deux ans à un rythme différent de ceux du privé. Certains ont cependant conservé le droit de partir à la retraite à 60 ans, comme les fonctionnaires handicapés. Dans le cas d’un report de l’âge à 65 ans, quelles seront alors les “dérogations” ouvertes pour pouvoir toujours partir à la retraite à 62 ans ? “Cela pose beaucoup de questions sur les droits que l’on laisse à ceux qui ont des carrières longues, des emplois pénibles, qui sont en invalidité”, interroge Dominique Corona. “Est-ce que par exemple le choix sera fait pour les carrières longues de remonter l’âge de départ de 60 à 63 ans ?”, questionne Philippe Crevel.

Enfin, il ne faut pas oublier que lorsqu’on parle retraite, il n’y a pas qu’une seule retraite. Il faut distinguer la retraite de base et les retraites complémentaires. Or, les règles des retraites complémentaires s’appuient sur celles du régime de base. Prenons l’exemple de la retraite complémentaire Agirc-Arrco. Une décote temporaire a été mise en place pour ceux qui partent en retraite avec le taux plein. Elle est de 10% pendant 3 ans. Ainsi, si vous avez le taux plein dès 62 ans, vous devez attendre 63 ans pour partir avec une retraite complémentaire sans décote. Si l’âge légal est reporté à 65 ans, il n’est pas sûr que ce “malus” perdurera. Si c’est le cas, cela signifierait alors qu’il faudrait travailler jusqu’à 66 ans pour ne pas avoir de décote sur sa retraite complémentaire.

Source Capital.fr

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