Retraite : les options qui s’offrent à Emmanuel Macron pour agir d’ici la fin du quinquennat

Retraite : les options qui s’offrent à Emmanuel Macron pour agir d’ici la fin du quinquennat

Retraite : les options qui s’offrent à Emmanuel Macron pour agir d’ici la fin du quinquennat

Des petites phrases mais beaucoup de questions. En déplacement à Martel dans le Lot, Emmanuel Macron a annoncé que la réforme des retraites ne reviendrait pas en l’état. Il a cependant glissé que la France “est déjà un des pays où l’on travaille le moins par rapport à ses voisins” et a ajouté “à un moment donné la question” du financement des retraites “sera posée à la nation”. Tout changement concernant la retraite n’est donc pas totalement écarté, mais cela ne reviendra pas d’ici la fin du mandat sous la forme de la création d’un régime universel.

Pour décrypter ces propos, revenons sur la réforme des retraites qui visait à remettre à plat l’ensemble du système. Le projet de loi a été adopté dans la douleur à l’Assemblée nationale en mars 2020. Mais le texte n’est jamais arrivé au Sénat en raison de la pandémie de Covid-19. Depuis, son étude n’a pas repris, cependant l’idée d’une réforme n’a jamais cessé de flotter dans l’air des débats. Alors que la création d’un régime universel de retraite était présentée comme une mesure de justice sociale et non un moyen de faire des économies par l’exécutif, la petite musique que l’on entend, principalement du côté de Bercy, est aujourd’hui tout autre. On parle avant tout d’une réforme pour consolider le financement de notre protection sociale. “Nous l’avons toujours dit, il faut allonger la durée du travail rapidement. Plus tôt des mesures sont prises, moins elles seront douloureuses”, prévient Eric Chevée de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).

Le choix des mesures

Si l’objectif affiché est de faire des économies, l’équation est simple et trois possibilités existent. Reporter l’âge légal de départ à la retraite, geler les pensions ou encore augmenter les cotisations. En matière de report de l’âge, l’éventail est large. Si le président de la République a toujours refusé de reporter l’âge légal de départ à la retraite, d’autres solutions existent. Dans le cadre de la réforme, il était prévu la mise en place d’un âge pivot. Par exemple, si cet âge pivot était fixé à 64 ans, les actifs qui partiraient avant cet âge à la retraite subiraient une décote, ceux qui partiraient après bénéficieraient d’une surcote. “Lors des discussions sur la réforme Emmanuel Macron disait qu’il était contre un âge pivot”, glisse l’un des participants à ces réunions.

Une mesure encore plus subtile pour reculer l’âge de départ est l’accélération de la réforme Touraine.. Mise en place sous la mandature de François Hollande, elle repousse d’un trimestre toutes les trois générations la durée de cotisation nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein. Ainsi, si vous êtes né entre 1955 et 1957, vous devez cotiser 166 trimestres pour obtenir une retraite à taux plein, un chiffre qui grimpe à 172 trimestres pour ceux nés en 1973 et après. L’exécutif pourrait décider d’aller plus vite en repoussant l’âge d’obtention du taux plein non pas d’un trimestre toutes les trois générations mais d’un trimestre toutes les générations. Il pourrait aussi aller au-delà de 172 trimestres pour obtenir le taux plein. Une mesure qui peut irriter les syndicats. “Nous serons vigilants sur cette question d’allongement de la durée de cotisation qui, pour nous, n’est pas envisageable, prévient Catherine Perret de la CGT. Le gouvernement pourrait très bien décider de la faire passer dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale”. D’autant qu’il peut y avoir un doute sur son efficacité à court terme. “Il faut savoir que de telles mesures ne produisent pas d’effets tout de suite, rappelle de son côté Pascale Coton de la CFTC. Par exemple pour l’accélération de la réforme Touraine il a été chiffré que l’économie serait de 3 milliards dans 5 ans”.

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Dans cette réflexion, une question est cruciale, celle du calendrier. Pas sûr qu’Emmanuel Macron ait envie de se lancer dans des mesures impopulaires à moins d’un an du scrutin présidentiel. “Le président de la République veut peut-être simplement poser des bases pour 2022, envisage Pascale Coton. Et avant de penser à de telles mesures il faut mener une véritable politique pour permettre le maintien des seniors en emploi”. “La priorité c’est la reprise, abonde Frédéric Sève de la CFDT. La question des mesures devrait plutôt être renvoyée à la prochaine campagne présidentielle et l’on voit mal comment passer à travers un conflit social si une mesure d’âge est prise”. Et même si du côté du patronat on continue à pousser des mesures d’âge le plus tôt possible, on a bien conscience que la situation est délicate. “Aujourd’hui, la difficulté est psychologique. Du côté des actifs, il y a un sentiment généralisé de ras-le-bol, constate Eric Chevée de la CPME. Alors si l’on veut leur faire comprendre qu’il faut prendre rapidement des mesures pour travailler plus longtemps et qu’elles soient efficaces il faudra bien montrer que rester en activité une année supplémentaire aura un intérêt financier important”.

L’état des finances du régime

Avant de prendre les décisions, Emmanuel Macron sera sûrement attentif au rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (Cor) qui doit être remis le 10 juin prochain. Alors qu’en 2020 le déficit du régime devrait atteindre 23,5 milliards d’euros, on devrait avoir les prévisions pour 2021 et les projections sur le long terme pour savoir quand le régime pourrait retrouver l’équilibre. “Les projections ne devraient pas trop changer par rapport aux dernières, prévoit Frédéric Sève. La deuxième et la troisième vague ont eu un impact sur l’économie moins fort que la première”. Et même si la situation n’évolue pas trop, l’incertitude est toujours présente. “C’est très fluctuant en fonction de la reprise ou non de l’épidémie et de celle de l’économie, analyse Dominique Corona de l’Unsa. On ne peut pas parler d’une réforme sur des sables mouvants”.

La question des finances du régime aura aussi des répercussions sur la possibilité ou non de revaloriser les petites retraites. Le gouvernement avait promis en 2019 une retraite minimum de 1.000 euros à partir de 2022. Depuis, il n’y a eu aucune garantie que cet engagement puisse être tenu. Un rapport a été remis sur cette question au premier ministre cette semaine sans savoir dans quelle mesure il sera repris. Les exploitants agricoles verront en novembre prochain leur retraite revalorisée à hauteur de 85% du Smic, soit 1.035 euros par mois. Un tel mouvement pour d’autres catégories comme les conjoints collaborateurs ou les indépendants pourrait suivre. “Une telle mesure peut se retrouver dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Ce n’est pas conflictuel”, analyse Frédéric Sève.

Des réformes pour la retraite complémentaire ?

Enfin, des interrogations existent aussi concernant la retraite complémentaire des salariés du privé Agirc-Arrco. Et là ce n’est pas du ressort de l’État mais des partenaires sociaux. En novembre 2020, face à la situation économique et aussi en raison de l’inflation faible, il a été décidé de geler les pensions. Ce gel pourrait être reconduit en novembre prochain mais les partenaires sociaux pourraient aussi décider d’autres mesures fortes dans les prochaines années pour rétablir l’équilibre des finances. Il s’agirait alors de signer un nouvel accord national interprofessionnel ou de faire un avenant à celui déjà existant. Pour le moment le patronat et les syndicats ont entamé des discussions en bilatéral mais aucune multilatérale entre l’ensemble des gestionnaires du régime n’est inscrite au calendrier.

Source Capital.fr

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