Suppression des régimes spéciaux : un enjeu plus important qu’il n’y paraît

Suppression des régimes spéciaux : un enjeu plus important qu’il n’y paraît

Suppression des régimes spéciaux : un enjeu plus important qu’il n’y paraît

Dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle, le dossier des retraites a repris une place centrale. Les Français doivent-ils partir plus tôt ou plus tard ? Le débat entre les candidats se focalise sur un sujet dont on sent bien qu’il ne fait toujours pas consensus. Mais il porte également sur la suppression des régimes spéciaux. Emmanuel Macron annonce qu’il les supprimera alors que Marine Le Pen ne met pas le sujet en tête de ses priorités.

En appelant à la suppression des régimes spéciaux, Emmanuel Macron reprend une proposition chère à l’électorat de droite. Les avantages dont bénéficient les cheminots, les électriciens et le personnel de la RATP ne manquent pas d’agacer nombre de Français. En effet, les contraintes de pénibilité mises en avant pour justifier ces régimes paraissent bien loin de la réalité, tant leurs conditions de travail ne sont plus celles du siècle dernier.

Les départs en retraite dès 57 ans voire 52 ans n’ont plus de raison d’être quand les régimes structurellement déficitaires sont équilibrés par les finances publiques. Dans le même temps, nombre de salariés du secteur privé sont aujourd’hui soumis à des conditions plus difficiles. Ils ne peuvent pour autant partir en retraite à des âges aussi précoces. Nous le savons bien, la principale raison de ces avantages réside dans la capacité de blocage des transports et de l’énergie dont bénéficient ces catégories professionnelles exerçant le plus souvent au sein du secteur public.

Mais le terme de régimes spéciaux peut s’entendre aussi de manière plus large à l’ensemble des régimes particuliers propres à certaines catégories professionnelles. En effet, les régimes spéciaux du secteur public concernent onze professions spécifiques dont les trois principales sont la SNCF, la RATP et les industries énergétiques et gazières.

À côté de ces dispositifs, plus d’une dizaine de régimes particuliers – que l’on classe souvent par confusion au sein des régimes spéciaux – gèrent la retraite des indépendants. Il s’agit des agriculteurs, des artisans commerçants et des professions libérales. La plupart de ces régimes se caractérisent par une bonne adaptation aux conditions d’exercice de ces professions. Gérés avec rigueur malgré des rapports démographiques parfois très défavorables, ces régimes particuliers ont su pour bon nombre d’entre eux reporter l’âge de départ en retraite à 65 voire 67 ans et constituer des réserves.

Il serait désastreux que les professions qui les pilotent et ont prouvé de longue date leur capacité à le faire – bien plus que l’État qui n’a su anticiper sérieusement la dérive annoncée des comptes retraite – soient dépossédées de leurs prérogatives.

Le risque est simple : en supprimant les régimes spéciaux très avantageux du secteur public, on ferait disparaître les régimes particuliers des indépendants dont les équilibres techniques comptent parmi les meilleurs. Cherchez l’erreur !

N’oublions pas que l’ambition du régime universel était de supprimer l’ensemble des régimes de base et complémentaires pour les fondre au sein d’un régime commun à l’ensemble des Français. L’idée pouvait paraître généreuse et juste. En réalité, elle conduit inexorablement à centraliser encore beaucoup plus entre les mains de l’Etat le pilotage des revenus futurs de l’ensemble des retraités.

En importance, la question des régimes spéciaux dépasse largement le sujet de l’âge de départ en retraite car il y va de la liberté même de nos concitoyens. Pas sûr pourtant que le débat présidentiel parvienne à se projeter au-delà des effets de tribune…

Source Capital.fr

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