Le maigre rendement des produits sécurisés ne vous suffit pas ? Investissez « équilibré » en injectant une dose de risque. La recette pourrait faire prendre du poids à votre épargne…
Vous cherchez à étoffer votre portefeuille sans prendre trop de risques ? Autorisez-vous une pointe d’audace. « Les produits sécurisés rapportent moins que l’inflation. Pour espérer faire mieux, il faut intégrer des produits un peu plus risqués », confirme Yaël Mayer, responsable du développement commercial chez BNP Paribas Asset Management.
Pas question cependant de mettre tous ses oeufs dans le même panier. « Il faut diversifier. Répartir son épargne entre fonds en euros garantis et supports risqués. Puis, au sein de ces derniers produits, choisir des fonds de différentes sociétés de gestion afin de ne pas dépendre des choix d’une seule maison », conseille Stéphane Van Huffel, directeur général de la société de gestion de patrimoine indépendante Net Investissement.
Optez par exemple pour des fonds flexibles, aussi appelés fonds patrimoniaux. La société de gestion a carte blanche pour ajuster, en fonction de ses prévisions boursières, les parts investies en obligations, actions… Les fonds flexibles profitent ainsi des périodes fastes de la Bourse, tout en souffrant moins des phases de baisse. Parmi eux, les produits Echiquier Patrimoine, DNCA Evolutif, Carmignac Patrimoine, Sextant Grand Large ou encore Amundi Patrimoine. Ils s’engagent généralement sur la part maximale investie en actions, de 50 % à 100 % du portefeuille, par exemple.
« Nous privilégions en ce moment les valeurs automobiles, les télécoms et la construction, car ces secteurs, qui ont enregistré des contre-performances ces derniers mois, devraient à présent rebondir », indique Jean Biscarrat, gérant d’Echiquier Patrimoine.
Une fois les produits ciblés, reste à choisir l’enveloppe qui les accueillera : plan d’épargne entreprise (PEE), produits retraite (Perp, Perco ou Madelin), assurance-vie… Chacune d’elles permet de calibrer précisément le degré de risque que vous êtes prêt à prendre.
Plébiscitée par les Français, l’assurance-vie jouit d’une fiscalité intéressante, sur les gains réalisés et au moment de la transmission aux héritiers. « La plupart des contrats d’assurance-vie proposent aussi des options d’arbitrage automatique pour sécuriser la performance : si un fonds progresse par exemple de 10 % par rapport à la mise de départ du client, la position est automatiquement allégée dans cette proportion et réinvestie sur le fonds en euros, garanti », explique Christian Pruvost, directeur du développement et de l’ingénierie financière chez Natixis Assurances. Une solution rassurante, si vous n’êtes pas du genre à surveiller la Bourse.
L’immobilier professionnel, accessible et rentable
Autre moyen d’améliorer le rendement de votre portefeuille : acquérir des parts de sociétés civiles de placement immobilier (SCPI). Elles sont gérées par des professionnels qui achètent et administrent un patrimoine le plus diversifié possible pour minorer le risque global. Elles permettent d’investir dans l’immobilier professionnel (bureaux, hôtels, commerces…), dont la rentabilité est presque toujours supérieure à celle de l’immobilier locatif destiné aux particuliers.
« En 2017, les SCPI ont rapporté en moyenne 4,45 % brut, et elles devraient afficher une rentabilité moyenne de 4,30 à 4,40 % en 2018 », selon Jonathan Dhiver, fondateur du comparateur MeilleuresSCPI.com. Accessibles à tous, puisque quelques centaines d’euros suffisent pour en posséder, les parts de SCPI peuvent aussi être achetées à crédit. Avec une mise de départ de 50 000 euros, la « pierre papier » permet de se constituer un beau patrimoine, à condition, là encore, de diversifier.
« Il faut panacher l’investissement entre des SCPI aux profils différents : celles qui sont plus sûres et un peu moins rentables et celles qui offrent plus de rendement contre une légère dose de risque », conseille Jonathan Dhiver. Il peut être intéressant d’acquérir, par exemple, soit des SCPI « diversifiées » (c’est-à-dire possédant commerces, parkings…), soit des SCPI « de bureaux », pour assurer un socle stable, et des SCPI spécialisées dans le Grand Paris ou certains secteurs porteurs, comme la santé, pour apporter un surcroît de rentabilité.
Du nouveau en vue pour l’épargne retraite
- La loi Pacte, qui vient d’être adoptée en première lecture à l’Assemblée, vise à remodeler le paysage de l’épargne retraite. Les fonctionnements des plans d’épargne retraite populaire (Perp), contrats Madelin et plans d’épargne pour la retraite collectif (Perco) devraient être harmonisés et améliorés pour rendre ces produits plus séduisants.
- L’épargnant devrait ainsi avoir le choix entre une sortie en rente ou en capital, quelle que soit l’enveloppe choisie, alors que la rente est le plus souvent obligatoire aujourd’hui. Il est aussi prévu d’envisager de débloquer son contrat avant la retraite pour acheter sa résidence principale et de proposer systématiquement l’accès à la gestion pilotée.
- De plus, le transfert d’épargne d’un produit retraite à l’autre devrait être possible, au gré des changements professionnels.
- Enfin, les versements sur tous ces produits devraient donner droit à un avantage fiscal sous forme de déductibilité des revenus. C’est déjà le cas aujourd’hui pour le Perp et le contrat Madelin, mais pas pour le Perco.